10/12/2011

Les albums de 2011 : El Camino



Depuis 2002 et la sortie de leur premier album, les Black Keys ont été très prolifiques - El Camino est le septième album du duo américain – mais la quantité n’a jamais pris le pas sur la qualité. Et cette règle est, encore une fois, respectée sur El Camino : 11 chansons de très bonne facture pour 38 (trop petites) minutes de bonheur. 38 minutes entraînantes, presque dansantes parfois (Lonely Boy), mais à aucun moment les deux hommes du Midwest  ne renient leurs racines bluesy.

Pourtant, les plus fervents fans des Black Keys avaient de quoi être sceptiques avant la parution de l’album. Beaucoup avaient peur d’un rapprochement vers la facilité pop, après le succès un brin inattendu de leur précédent album Brothers. L’association avec le producteur Danger Mouse avait aussi de quoi surprendre, puisque la moitié de Gnarls Barkley n’est pas un habitué du genre. Mais les craintes se dissipent vite à l’écoute de l’album : Danger Mouse a laissé les deux boys d'Akron s’exprimer et a rendu, comme à son habitude, une très belle copie à la production, sobre, avec une prise de son impeccable.

Ce qui est intéressant, c’est la façon dont le groupe a enregistré ce disque : ils sont arrivés en studio sans textes et sans mélodies. Tous les morceaux d’El Camino ont le point commun d’être issus de jam sessions faites au studio. Alors qu’on aurait pu avoir le droit à 4 chansons de rock progressif de 12 minutes, les deux musiciens ont conservé un format « pop », sans altérer la richesse de l’album. Car, et c’est cela le plus l’important, la musique du duo américain s’exprime pleinement sur ce disque. Le rythme est soutenu, les guitares sont crunch, les claviers bien vintage et l’autodidacte Patrick Karney s’éclate derrière ses fûts autant que Dan Auerbach nous hypnotise de sa voix si particulière.

L’album commence fort avec Lonely Boy, premier single de l’album à la guitare nerveuse, au clavier entrainant et au refrein accrocheur. Un hit qui pourrait bien devenir le titre phare qui manquait à un groupe souvent comparé à des «White Stripes sans Seven Nation Army ». Le reste de l’album est plus homogène, mais la barre est toujours placée aussi haut. Seule véritable «pause » de l’album parmi tous ces blues modernes et agités, Little Black Submarines étonne et détonne : après deux minutes bercées par la guitare séche et le chant de Dan Auerbach, le groupe remet le courant pour une reprise électrique de la mélodie. Grandiose. Et le reste de l’enregistrement est presque de la même facture…




Les Black Keys sortent donc un très bon disque qui sonne vintage tout en restant résolument moderne. Sans rien inventer, les Black Keys ne réécrivent pas ce qui a été fait dans le passé : car le talent de ce groupe réside bel et bien dans leur personnalité : peu d’artistes peuvent, à l’heure actuelle, se targuer d’avoir un style  aussi affirmé et aussi facilement reconnaissable que celui des Black Keys. Après le succès critique, il ne manque plus que le succès commercial. A bon entendeur.

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