03/12/2011

2011 dans le rétro : sympa...mais sans plus

C'est bientôt la fin de l'année, et comme pour toutes les fins d'années, c'est l'heure des bilans. Que va-t-il donc rester de cette année musicale ? N'y allons pas par quatre chemins : c'est quand même plutôt décevant... Je ne veux pas faire le réactionnaire du style "c'était mieux avant" (de toutes façons je suis pas assez vieux pour ça...) mais il faut bien le dire, c'était quand même mieux avant : quels morceaux, quels groupes va-t-on retenir de l'année écoulée ? Le Born This Way de Lady Gaga et sa pochette hideuse ? Le dernier (et immonde) Coldplay ? L'invasion des singles surproduits de Rihanna et des Black Eyed Peas ? En tous cas, si l'histoire doit retenir quelque chose de 2011, espérons au moins qu'elle ne se fie pas trop aux charts...un album (et c'est déjà un bien grand mot) de Justin Bieber ne peut pas devenir un classique...c'est du bon sens enfin ! La réponse est-elle donc hors des disques d'or et autres disques de platine ?



Born This Wayou l'histoire d'une des pochettes 
d'album les plus laides de tous les temps



2011 était pourtant une année plutôt alléchante, avec le retour de poids lourds de la scène rock internationale. Et, les uns après les autres, ils ont déçu. Tout d'abord Radiohead avec leur The Kings Of Limbs : dans la suite logique d'In Rainbows, les Anglais poussent encore plus loin leurs expérimentations mais livrent un album qui ne dégage pas autant d'émotions que leurs précédents opus. Ce n'est pas un mauvais album ; mais on est à des années-lumières du sommet atteint par OK Computer. De même, le nouveau projet de Liam Gallagher, Beady Eye, reste sympa, mais sans plus (en dehors d'une pochette très drôle) et l'enfant terrible du rock anglais n'arrive plus à nous concocter les titres fédérateurs qui avaient fait sa gloire pendant l'époque d'Oasis. Serait-ce dû à l'absence de son frère Noel, auteur lui aussi d'un album solo "sympa mais sans plus" ? 





Ne jugeons pas trop vite 2011 et attardons nous sur les deux autres grands retours de l'année. Direction l'Amérique et plus précisément New York, pour juger du retour du groupe qui avait amorcé la vague rock du début des années 2000, j'ai nommé les Strokes. 10 ans après le mythique Is This It, il ne reste plus grand chose du talent des cinq rockeurs en Converse. Angles commençait plutôt bien avec le chirurgical Machu Picchu et leur convaincant single Undercover of Darkness ; la suite est malheureusement peu enthousiamante (Taken For A Fool et Gratisfaction mis à part), le groupe nageant entre un lyrisme forcé et du déjà-vu pioché tant dans leurs précédents albums que chez d'autres groupes : on sent la distance que Julian Casablancas a pris avec le groupe. 10 ans après leur premier album, les Strokes sont presque déjà démodés...Rejoignons alors Los Angeles, l'autre capitale du divertissement US pour retrouver la dernière production des Red Hot Chili Peppers, qui signe -malgré le talent certain de ses musiciens - un album sans style, à l'image de la moustache qui trône désormais sous le nez d'Anthony Kiedis. Des pistes correctes mais qui rentrent dans le rang des productions actuelles, ce qui me donne simplement envie de retourner piocher le Blood Sugar Sex Magik sorti 20 ans auparavant, à l'époque où les Red Hot étaient une marche au dessus des autres.





La moustache du scandale



Il faut donc s'éloigner un peu - mais pas trop non plus- du mainstream pour retrouver mes coups de coeur de l'année : Anna Calvi le premier disque éponyme de la jeune Anglaise, The English Riviera de Metronomy et son électro/pop débarrassé de toute superficialité, Colour Of The Trap le premier album solo de l'ex-Last Shadow Puppets Miles Kane, le nerveux Let England Shake de PJ Harvey,  le lumineux Skying de The Horrors et le mystérieux Go Tell Fire To The Mountain des nouveaux venus de Wu Lyf. Je reviendrais sur ces albums dans un futur article pour expliquer ce qui m'a poussé à choisir ces albums comme les meilleurs (ou les moins médiocres) de 2011.

Car il faut bien le dire, il y a bien peu de chances qu'un de ces albums (ou même une des chansons présentes sur ces disques) marque véritablement l'histoire, contrairement au L.A. Woman de 1971, du Sticky Fingers de 1981, du Nevermind de 1991 et du Is This It de 2001. Vous voyez où je veux en venir ? Et si 2011 était une année pour rien ? Certes, il y a bien tout une scène indie qui confirme tout le bien que l'on pense d'eux avec des seconds albums de qualité (je pense notamment à Fleet Foxes, Bon Iver mais j'en oublie beaucoup d'autres) mais qui manquent cruellement de personnalité, comme si tous ces artistes, aptes à digérer une incroyable culture musicale (grâce à Internet) dans leurs compositions étaient incapables de révéler une vraie personnalité, un fort caractère, alors que c'est bien cela qui transforme un très bon album en album mémorable.

Finalement le meilleur de 2011 n'arrive peut être que maintenant avec ces magnifiques rééditions/coffrets qui fleurissent en cette période de fêtes : que ce soit avec les Smile Sessions des Beach Boys ou avec les rééditions-anniversaires agrémentées de bonus de Nevermind ou de Achtung Baby (U2), il y a encore moyen de (se) faire plaisir sous le sapin. Et puis n'oublions pas que l'année n'est pas finie et qu'il y a toujours assez de temps pour être agréablement surpris. Et je pense notamment au nouveau The Black Keys, El Camino, qui sort ce mardi.



Lonely Boy, premier extrait dansant d'un album prometteur



2011 a donc été une année riche en nouveautés et en découvertes mais peu d'artistes ont réussi à s'élever au dessus de l'étiquette "prometteur". Le retour des grands du rock a surtout déçu, sans être catastrophique, noyé par une petite vingtaine de titres surdiffusés sur les ondes hertziennes car dans un secteur en pleine mutation, l'important est encore de faire vendre ; les accusées Lady Gaga, Rihanna, Fergie, Britney Spears, Katy Perry, Jessie J sont appelées à rejoindre M.Guetta à la barre.  Et contrairement à ce que l'on peut entendre dans la presse musicale (Les Inrocks en tête), il n'y a pas un album "gigantesque" ou "transcendant" qui sort toutes les deux semaines. Soyons lucides : 2011 a été une année sympa, mais sans plus.



1 commentaire:

  1. Je suis d'accord avec toi dans la globalité de l'article. Mais je pense que tu as oublié une petite chose qui a eu son importance cette année dans la vague Indie.LE premier album de Foster The People : "Torches". Personnellement je reste assez dubitatif, mais la critique l'a encensé à un tel point que je suis convaincu que ce groupe et cet album sont partis pour nous durer un moment, tout au moins à l'écoute de nos stations favorites (NRJ power!). Par ailleurs, signalons que Mark Foster est un multi-instrumentiste de talent, et ça je kiffe, donc je vois d'autant plus le groupe tenir le choc des années. Subjectivité quand tu nous tiens...
    Voilà, je ne te fais pas la leçon sur un style que tu connais probablement bien mieux que moi, je rajoute juste ma patte à un article quasi-parfait. (c'est mon premier com alors je suis gentil)

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