31/01/2013

Ils ont popularisé le rap (5/5)



1986 : il ne manque plus qu'un classique universel pour permettre au rap d'étrenner ses nouveaux galons de style musical à part entière. Quelques artistes font bien parler d'eux, sans faits divers et uniquement grâce à leur musique, mais l'engouement dépasse peu voire pas du tout la communauté afro-américaine de la côte Est, ou East Coast comme on dit là-bas. Parmi ces groupes, Run-DMC.

En reprenant Walk This Way, le fameux tube d'Aerosmith, le trio ne va pas seulement empêcher le groupe de Steven Tyler de tomber dans la désuétude la plus compète, mais va aussi lancer quelques unes des grandes tendances du hip hop d'aujourd'hui. 


Premier featuring trans-genre à être largement diffusé, la reprise des new-yorkais va lancer la mode des collaborations dans le hip hop, avant que celles-ci ne soient usées et abusées par des artistes en manque de diffusions radio.

Premier contrat de sponsoring décroché par des non-sportifs avec une marque une entreprise sportive. Avec le million offert par Adidas, les Run-DMC ne se contenteront pas de porter la célèbre veste à trois bandes ou de créer un modèle à leur nom ; ils lanceront la tendance qui représente maintenant le rêve ultime pour tout rappeur (demandez à Booba) : lancer sa propre ligne de fringues.

Premier clip de rap à intégrer le coeur de la playlist de MTV, le rap va - enfin - débarquer dans les chaumières de la classe moyenne blanche américaine, par le biais de teenage wiggas affalés devant la bonne parole de Music TV, grande prêtresse des foyers de l'époque. 

Le rap s'ouvre au monde, le monde s'ouvre au rap.


S.

29/01/2013

Ils ont popularisé le rap (4/5)



C'est donc annoncé un an auparavant par la voix suave de Blondie que débarque Grandmaster Flash en 1982. Sa réputation n'est plus à prouver dans les pires quartiers de New York, mais l'artiste reste un inconnu notoire à l'échelle nationale. Surnommé Flash pour sa vitesse lorsqu'il scratche et Grandmaster pour sa capacité à ambiancer sans faillir les block parties tout en faisant le DJ, il ne manque plus qu'un tube pour que le "rapide grand maître" connaisse le succès qu'il mérite. Et c'est en s'associant avec 5 MCs, surnommés pour l'occasion les Furious Five, que le natif des Barbades va connaître un furieux succès.

"Don't push me 'cause I'm close to the edge"

Le titre du couronnement est le bien-nommé The Message car, pour la première fois, c'est un rap social et politique qui connaît le succès. Décrivant sans fard la vie dans les ruines du Bronx, le texte devient un des plus grands classiques du milieu avec des punchlines fortes sur  presque toutes les lignes et inspirera les prétendants suivants au succès sur toute la ligne. L'instru, avec ses perches tendues au funk et au disco, fera du titre un des morceaux les plus samplés du hip hop, pour le meilleur et surtout pour le pire. Car peu de rappeurs peuvent se targuer d'avoir créé un titre aussi fluide, malgré le constat sombre délivré par le flow sans faille du Grandmaster. Un constat qui devient même presque ironique, tant sa portée lugubre semble éloignée du beat funky. 

S.


27/01/2013

Ils ont popularisé le rap (3/5)



Qui, dans les ruelles du Bronx, aurait pu prédire que le premier morceau de rap à atteindre la première place du Billboard américain serait une chanson de... Blondie ? Avec Rapture, l'ancien groupe punk mené par Debbie Harry ne fait pas seulement que confirmer sa capacité d'absorber un genre musical pour l'intégrer à son répertoire, mais montre aussi son talent pour détecter les nouvelles tendances. Le dernier couplet du titre, rappé par la chanteuse blonde, fait donc rentrer le titre dans l'histoire, comme étant le premier numéro 1 issu du hip hop.

Si les carillons et la voix lascive de Mlle Harry pouvaient annoncer le tube pop, seuls les cuivres et la démentielle ligne de basse laissaient suspecter un éventuel couplet rappé. Et pourtant, tout était prédit dans le titre du hit, résumant à lui seul l'exaltation provoquée pendant 5 minutes.


Le titre de Blondie représente, de loin, le plus grand paradoxe de l'histoire du rap, et pas seulement parce que Blondie était un groupe de rock. Alors que le milieu hip hop (et c'est encore plus vrai en 1980) est essentiellement masculin (voire machiste) et afro-américain, force est de constater que la pale Debbie ne correspond pas au profil type du rappeur... Mais la chanteuse et son groupe vont néanmoins apporter la passerelle manquante entre les MCs et leur audience potentielle, à savoir une diffusion massive en radio. Et, en glissant le nom de Grandmaster Flash ("Flash is fast, Flash is cool") dans son couplet un tantinet éloigné des préoccupations majeures des rappeurs, Blondie va tout simplement annoncer, un an avant sa sortie, l'avènement d'un autre mythe du hip hop. A suivre...

S.


24/01/2013

Ils ont popularisé le rap (2/5)



Risée de tous les MCs new-yorkais, parce que refusant les thèmes sociaux du rap, parce qu'entièrement constitué pour les besoins d'une maison de disque flairant le tube et parce que venant du New-Jersey (ce qui est quand même une belle honte), The Sugarhill Gang est pourtant le premier groupe à placer un titre de rap dans le top 40 US et, surtout, à conquérir un public international. Le titre : Rapper's Delight, bien que critiqué par ceux qui se considèrent comme étant les "véritables" rappeurs, à savoir les MCs du Bronx.


En pleine vague disco, le gang de Sugarhill décide de reprendre (ou de fortement s'inspirer) de la ligne de basse du tube de Chic, Good Times. Le résultat est flamboyant, la voix des trois rappeurs s'enchaînant à la perfection sur les 14 minutes d'un titre interminablement groovy. Bien loin des sujets lourds des premiers raps de l'époque, essentiellement regroupés dans les plus grandes poches de pauvreté du Bronx, le titre n'a qu'un seul but : faire bouger sec sur le dancefloor. Et, indirectement, aider le rap à conquérir un public plus large.

S.

20/01/2013

Ils ont popularisé le rap (1/5)



Booba, Sinik, Sexion D'Assaut... les charts nationaux sont envahis par des morceaux de rap plus ou moins douteux... mais avant de devenir un des genres les plus populaires aujourd'hui, mais aussi un des plus décriés, notamment à cause de certains guignols sans cervelle qui trônent dans le milieu, le rap a parcouru un long chemin pour venir s'imposer dans nos foyers, acquérir une certaine respectabilité afin de ne plus faire fuir la ménagère de moins de 50 ans choquée devant les rimes évoquant le gangsta way-of-life. Retour donc sur 5 des chansons qui,  sans le vouloir ou non, ont aidé les rappeurs à faire entendre leur flow hors du Bronx.

Je pourrais évidemment commencer par parler de James Brown, chanteur le plus samplé de l'histoire, mais cela serait trop facile, tant le roi de la funk a inspiré les rappeurs des générations suivantes. Revenons plutôt, pour commencer, en 1974 avec la plus célèbre des chansons de Gil Scott-Heron, The Bottle. Evidemment, le rap n'existe pas encore mais, même s'il a toujours nié être un précurseur du mouvement hip-hop, le jazzman et funky Gil a bien déclenché l'étincelle nécessaire pour l'apparition du mouvement.


Avec son "spoken word", le chanteur ouvre la voix aux couplets rappés. Avec ses textes socialement prenants - The Bottle traitant de l'alcoolisme maladif - et sa musique entraînante, souvent passée lors de réunions festives, Gil Scott-Hreon représente déjà tout le paradoxe du rap des années avant la naissance du mouvement. Et reste, pour nos oreilles, un artiste à part entière.

S.


18/01/2013

"Bloodsports" - Drenge



Pas de longue dissertation surannée aujourd'hui, mais simplement un clip - le premier - d'un jeune groupe de Sheffield encore largement méconnu. La fougue des débuts se trouve ici réincarnée dans un riff de guitare travaillé qui rappelle, derrière les fins de phrases lascives du chanteur, les grandes chansons du blues/rock anglais. Et dans un clip à l'ambiance très "Parklife", on ne peut y voir que du bon !

S.


17/01/2013

Sans protéines, délicieux quand même



Après s'être imposés dès leur premier disque - et grâce à des singles imparables (This Charming Man, Hand In Glove, What Difference Does It Make?) - comme le groupe britannique ultime des années 80, The Smiths remet le couvert en 1985 pour un deuxième album - Meat Is Murder - plus vif et plus personnel encore avec, au menu, les idées singulières de Morrissey qui densifient encore un peu plus sa plume acerbe et acérée. 

Fin observateur de la vie quotidienne anglaise, et notamment des classes populaires qui grouillent à Manchester, sa ville natale, Morrissey commence ce deuxième disque par le sublime mais accablant The Headmaster Ritual, à propos de la violence enfantine. Tout l'album reste sur ce ton, un rythme globalement enlevé (avec quelques passages dans le rockabilly !) qui masque à peine des textes emprunts de désespoir, au lyrisme sinistre et à l'engagement intense. 

Si Johnny Marr, discret mais magnifique "guitar héraut", délaisse quelque peu ses arpèges qui avaient fait tout le charme du premier opus du groupe, c'est pour mieux accompagner Morrissey et ses thèmes de prédilection posées sur des mélodies plus percutantes. Ce dernier s'en sort divinement bien et, lorsque ses cordes vocales s'autorisent un aller-retour dans les aigus, c'est tout notre corps qui réagit, les poils se levant les uns après les autres.

Car Morrissey est bien le point central de cet album. Sa personnalité transpire du début à la fin de chaque morceau : de son éternel désespoir amoureux (I Want The One I Can't Have) à sa ville de Manchester (Rusholme Ruffians) en passant par son combat pour l'alimentation végétarienne avec le morceau-titre Meat Is Murder. Dernière piste, le morceau clôture avec audace un album qui n'en manque pas : les larsens de guitares accompagnent les beuglements d'animaux se perdant dans le vide... et pendant 4 minutes, on l'admet, hors de question de manger de la viande, pris dans ces sons qui nous menacent et grincent comme les lames entourant le bétail envoyé à l'abattoir.

"A crack on the head 
Is what you get for not asking
And a crack on the head 
Is what you get for asking"

Barbarism Begins At Home brille quand à lui par la violence de ses deux couplets qui dénoncent les violences que subissent les enfants livrés aux parents alcooliques, de légion dans les alentours d'une industrielle Manchester livrée à elle-même dans les tourments de l'Angleterre de Mrs. Tatcher. Encore une fois le contraste est flagrant entre des textes terribles et une musique inhabituellement funky pour le groupe avec ce riff génial signé Marr.


Génial mais particulier, voilà comment caractériser ce disque engagé et engageant pour tous ceux qui sauront y trouver la poésie qui règne entre des lignes toutes plus violentes les unes que les autres : "What she said : I smoke coz' I'm hoping for an early death". Ravageur.

S.

15/01/2013

Combien coûte une nuit avec Roxanne ?



Roxanne est certainement une des chansons les plus célèbres de Police ; c'est aussi, de manière tout aussi certaine, la prostituée la plus célèbre de l'histoire du rock. Et parce que Sting ne le précise pas dans le morceau, osons poser la question : combien coûte une nuit avec Roxanne ?

Sting reste bien avare de détails ; il faut dire, aussi, que Roxanne ne désigne personne en particulier. Inspiré par les prostituées qui s'alignaient dans une ruelle étroite illuminée par les néons hésitants d'un sex-shop crasseux lors d'un séjour à Paris, passé dans un hôtel miteux derrière la gare Saint-Lazare, Sting distingue deux catégories parmi ces filles de joie à la moue bien triste. Les plus agées qui, au dire du compositeur anglais, attirait l'essentiel de la clientèle et les plus jeunes, à l'expression encore innocente. Touché par cette candeur inattendue, Sting décide d'en nommer une Roxanne et d'écrire ce morceau... Mais pourquoi Roxanne en fait ?

"I have to tell you just how I feel
I won't share you with another boy"

Fasciné par une affiche d'une représentation théâtrale passée de Cyrano de Bergerac, Sting songe à ce pauvre Cyrano, fou amoureux d'une certaine Roxanne, qui ne lui rend pas. Et hop, le chanteur s'approprie cette histoire et le morceau est prêt. Mais pour éviter de pomper le scénario de M. Rostand de façon éhonté, Sting écorche sa plume et les moeurs par la même occasion : Roxanne sera cette prostituée qui traîne en bas de son hôtel ou la traînée qui se prostitue devant, au choix. Censuré par la BBC à cause de l'évocation du plus vieux métier du monde, rien ne laissait présager que Roxanne serait un tube. Et pourtant....

Mais cela ne répond pas à la question de départ. On va être franc une seconde, on a aucune idée des tarifs pratiqués par les grues qui arpentent les sorties de gare, et encore moins de ceux en vigueur dans les années 70. Mais comme "Roxanne" avait 20 ans il y a 30 ans, vous pourrez, avec un peu de chance, la trouver en plein travail au bois de Boulogne...Mais cela ne nous regarde plus.

S.


14/01/2013

Bienvenue à Jepsen Industrie

Connaissez vous la musique industrielle ?

Oh sûrement, et si je vous demande de me citer des noms, vous allez me sortir Kraftwerk, Einstürzende Neubauten, Nine Inch Nails, Ministry, etc ... Eh ben vous avez tout faux ! Ce n'est pas d'INDUS dont je vais vous parler ici, mais bel et bien de musique INDUSTRIELLE.


La musique "industrielle", Carly Rae JEPSEN en est la plus digne représentante ces dernières années. Sorte de Justin BIEBER au féminin, l'ancienne participante de Canadian Idol (version canadienne de la Nouvelle Star, pour faire court) revient en 2012 avec un second album, consécutif au succès phénoménal de son hit "Call Me Maybe", que beaucoup ont du entendre au moins une fois dans des lieux de diffusion musicale privilégiés tels que les toilettes d'un fast food, ou bien encore le rayon traiteur d'un hypermarché.


Alors bien sûr, beaucoup d'entre vous ne connaissent de la miss que cette chanson (et vous pouvez sans peine vous en contenter), tube de l'été 2012 et virus radiophonique assez fatiguant. Mais prenez la peine d'écouter Kiss, son second album, et vous comprendrez parfaitement le concept de musique "industrielle". Des chansons se répétant à la chaine, produites en série par des producteurs sans âme travaillant tels des robots, des musiques sans aucun relief, et des textes à la poésie foncièrement nulle. Certes, il y a des ballades (dont une en duo avec ... Justin Bieber, aaaarggh), mais elles sont aussi belles que l'anus d'un hippopotame. Bref, cet album est un énorme échec créatif, une vacuité totale, et une perte d'argent (et de temps) tout simplement scandaleuse.


Si le seul but de Carly Rae JEPSEN est d'apporter du bonheur à ceux qui écoutent sa musique, alors cette entreprise a proprement été réussie, vu les ventes de l'album et de ses singles. Mais il ne faut pas se leurrer : cette musique reste foncièrement mauvaise, car tout le monde sait que la purée industrielle en flocons, c'est quand même 100 fois moins bon que la purée maison de Maman.


À éviter, pour votre santé intestinale ...



11/01/2013

Quand l'idiot n'est pas celui que l'on croit



18 mai 1980 : obscure soirée à Macclesfield, dans la banlieue mancunienne. Ian Curtis, seul chez lui, sort un de ses disques favoris de sa bibliothèque : The Idiot, d'Iggy Pop. Le vinyle tourne, le diamant crépite, et déjà la face A arrive, trop vite, à sa fin. Ian retourne la galette, et, rapidement, le diamant parcourt les microsillons du dernier titre, Mass Production, dont les textes soutiennent que personne n'est réellement irremplaçable. Peut être incapable de supporter cette sinistre pensée plus longtemps, Ian Curtis se dirige dans la cuisine, tire la corde qui s'y trouve pour normalement suspendre le linge et la noue à son cou. Ce sera son dernier geste.

3 ans et 2 mois auparavant avant que Ian Curtis ne tombe, Iggy Pop venait de finir de se relever. Après la drogue, la vie de sans-abri, des performances scéniques où l'Iguane se mutilait et un an d'hôpital psychiatrique, Iggy Pop est de retour. Récupéré par un Bowie en pleine bourre qui l'emmène enregistrer à Berlin, le prophète du punk fait un génial come-back avec The Idiot, qui n'est autre que surnom donné à l'Iggy du passé. 

En parlant du passé, le chanteur de Detroit s'éloigne justement sur cet album du style développé avec les Stooges pour, diront les mauvaises langues, servir de coup d'essai à la période berlinoise de Bowie : grooves industriels, atmosphère pesante emprunte de nostalgie,  expérience omniprésente... tout y passe ou presque. Bowie n'hésitera d'ailleurs pas à reprendre Sister Midnight ou China Girl (avec le succès qu'on lui connaît) dans des versions réarrangées, plus propres, plus grand public. 

Si The Idiot offre une renaissance à l'Iguane, l'album est loin d'être ouvert à toutes les oreilles. Les 38 minutes du disque ne sont qu'une longue liste de désillusions, noircies par une production minimaliste, où la qualité des pistes enregistrées tient plus de la démo underground que d'un mixage hollywoodien. Et pourtant, le charme opère, et on se retrouve pris dans les tourmentes du pitre Iggy, enivrées par une atmosphère de plus en plus oppressante, entrecoupée par l'expression du spleen d'un chanteur d'apparence insensible.

China Girl raconte l'histoire d'amour non-partagé entre Kuelan Nguyen, petite amie de l'époque de Jacques Higelin, et d'Iggy Pop himself, qui a écrit cette chanson après lui avoir déclaré, en vain, et malgré la barrière de la langue, sa flamme. La seule réponse de la jeune vietnamienne, susurré avec l'index posé sur les lèvres de l'Américain, aurait été un simple "chut" qui inspira les derniers vers du morceau.

"And when I get excited
My little Chinan Girl says
Oh Baby just you shut your mouth
She says SShhh"

Le morceau suivant, Dum Dum Boys, est peut être le titre le plus impressionnant du disque. Sept minutes lentes mais terriblement prenantes, qu'Iggy dédie aux Stooges, citant leurs noms un par un au début du morceau, qu'ils soient vivants ou non (Zeke Zettner). La voix d'Iggy est de plus en plus plaintive, prenante, édifiante, et on ne ressort pas de ce groove répétitif, lancinant fabuleux.

"Now I'm looking for the Dum Dum Boys
Where are you now when I need your noise ?"

Enfin, pour que la boucle soit bouclée, comment ne pas parler de Mass Production, terrifiant titre où les synthés enivrent autant que dégoûtent, où les propos d'Iggy sont aussi puissant qu'inaudibles. Le sentiment dégagé par ce titre est des plus étranges : loin de tout glamour, Mass Production nous emporte dans une chaîne de production sans fin et délivre son terrible message : nous nous ressemblons tous et aucun de nous n'est réellement indispensable. Contrairement à The Idiot.

"Before you go
Do me a favour
Give me the number
Of a girl almost like you"

S.

08/01/2013

David, the boy keeps swinging



C'est la grande nouvelle culturelle du jour : après 10 ans d'absence en studio, le grand David Bowie est de retour en studio avec un nouveau single, Where Are We Now, avant un album déjà prévu pour mai. Bien évidemment, il faut tout d'abord se réjouir de l'état de santé du chanteur britannique, disparu de tout radar depuis ses derniers concerts donnés en 2006.


A propos de la chanson en elle-même, elle ressemble évidemment davantage au Bowie en fin de carrière des années 90 que de l'immense transformiste qui a marqué l'histoire de la musique dans les années 70. Sympathique mais peu charismatique, malgré les nombreuses références faites à la période berlinoise de l'artiste, Where Are We Know est conforme aux attentes soulevées par l'annonce du retour de Bowie. On souhaite évidemment que l'âge avancé du Britannique (66 ans !) ne l'empêche pas de sortir un très bon album, à l'image du  langoureux Olympia de Bryan Ferry qui avait montré que les pays du glam-rock pouvaient faire de la résistance. 

S.

07/01/2013

Peut-on dormir à l'hôtel California ?


Qui ne connaît pas le refrain du célèbre Hotel California ? Personne.
Qui connaît l'hôtel California ? Personne.
Étrange paradoxe... Peut-on donc passer ses vacances à l'hôtel California ?

Don Henley, chanteur du groupe, n'a jamais cessé de d'expliquer le sens de son tube intemporel... et il n'est en aucun cas question d'un hôtel. Les paroles, truffées de double-sens savoureux, ne racontent pas des vacances tranquilles sur les bords de la côte pacifique mais dénoncent la vie de l'establishment de Los Angeles. La chanson décrit, toujours d'après Don Henley, la prison dorée dans laquelle vivent les stars angelinos. Une prison attirante vue de l'extérieur mais véritable enfer une fois "emprisonné" à l'intérieur. Par ailleurs, le bâtiment sur la pochette n' est autre que le Beverly Hotel, luxueux palace d'influence mexicaine où, pour la modique bagatelle de 600$ par nuit, vous pouvez dormir avec l'upper class locale.

"You can check in anytime you like but you never can leave"

Derrière cette thèse officielle, d'autres interprétations de la chanson ont été faites - à cause de ces fameux double-sens - la plus connue étant bien entendu l'hypothèse où l'Hotel California serait la représentation du Camarillo State Hospital, un asile de fou situé en bordure de Los Angeles. Du côté de Chicago, on pense toujours que la chanson se réfère au Cook Country Jail, prison de l'Illinois surnommée "Hotel California" à cause de sa localisation sur...California Street.

Enfin, si certains fans des Eagles rêvent encore de passer leurs vacances à l'hôtel California, sachez qu'il existe une bonne dizaine d'établissements nommés Hotel California en France, de   la guinguette miteuse au palace, certains ne se privant de jouer avec l'esthétique de la pochette des Eagles...

S.


06/01/2013

Ulver : l'enfant prodige des années 60

      L'art de la reprise, très en vogue ces derniers temps, est chose complexe, sur laquelle nombre d'artistes se sont cassé quelques dents voire toute la mâchoire, au fil des années. Je me souviens notamment, et peut-être vous aussi, de "génération Goldmann", un album qui reprenait les tubes de notre cher JJG à la sauce absolue médiocrité. Album qui m'aura au moins gratifié de quelques dizaines de minutes d'hilarité avant que je ne saute à pieds joints sur le disque et n'aille consulter pour de graves dommages à l'oreille interne. Celà étant je ne suis pas là pour vous parler de ces 99,9% d'inepties musicales qui hantent les rayons de la FNAC, mais bien de ce petit bastion de génie qui résiste encore et toujours aux hordes zombifiées du mainstream le plus vomitif. 
      Les membres d'Ulver avaient toujours su, dans leur période progressive, tirer un maximum d'influences de leurs enfances dans les années 60. Mais jusqu'à présent  aucun de leurs albums n'avait pu transcender la beauté de ce qu'ont pu produire leurs géniteurs spirituels, se contentant d'être excellents au lieu de géniaux. Pour progresser il fallait carboniser au Napalm l'admiration enfantine, devenir enfin adultes musicalement et intellectuellement, l'ambition du groupe s'affiche désormais par ce simple titre d'album : "Childhood's end". Pour entamer ce voyage initiatique, le groupe décide de remplacer les standards de l'époque par les siens, de devenir plus grands en remaniant touche par touche leurs groupes et leurs rythmes favoris.

 
       Premier constat en regardant la track-list : je ne connais qu'un morceau sur les 16 proposés ("Today" de Jefferson Airplane). Après quelques instants de scepticisme je me dis que ce n'est pas bien grave, au contraire, je serais même plus objectif quant à la qualité intrinsèque des morceaux. J'écoute pour la première fois l'album dans la voiture avec le pote qui me l'a fait découvrir : "Ca tue hein?" me demande-t-il simplement. Je ne réponds pas, je suis scotché à mon siège, et plus encore à la musique qui sort de l'autoradio. Depuis, j'écoute le disque en boucle (alors même que j'écris cette chronique), et je cherche désespérément la faille. S'il y a bien une chose que le systême éducatif français m'a appris c'est que rien ne vaut 20/20, on peut toujours pinailler, mettre 19,5, trouver une faute d'ortographe, un mi-bémol juste-mais-un-peu-faux-quand-même, un synonyme en LV2 correct mais qui était dans la liste de vocabulaire pour jeudi et pas pour lundi. Chacun ses traumatismes scolaires... mon point, ici, est le suivant : on ne peut pas objectivement mettre moins que la note maximale. Je fais face dans mon entourage à un nouveau type d'épidémie :"je ne peux pas sortir ce soir, j'écoute Ulver". Et le plus incroyable c'est que personne ne viendrait mettre en doute le fait que cette excuse est parfaitement valable.


       Pour remédier à mon inculture crasse, j'ai écouté tous les originaux. Et force est de constater que tous les morceaux sont sublimés, deviennent "Ulveriens" à part entière sans pour autant perdre leur coté 60's tellement précieux. Tout ce qu'il me reste comme problème, puisque j'ai trouvé mon paradis musical, c'est de trouver seulement 2 morceaux à partager sur ce blog puis de trouver une chute. pour les 2 morceaux j'ai choisi (en m'arrachant le coeur), mais pour la chute je n'ai pas d'idées, et je dois me remettre au plus vite à 100% à mon écoute d'Ulver. Alors je vous met un troisième morceau, il parlera pour moi, et bien mieux que moi.


      A.L
      

05/01/2013

Bonne année 1995 ?


Ce n'est pas nouveau, mais la presse musicale à une grande tendance à s'emballer un peu vite (merci les Inrocks - entre autres). Le buzz du moment concerne 1995 ("un-neuf-neuf-cinq" s'il vous plaît) ; pour ceux qui n'auraient pas suivi l'affaire, le crew vient de Paris et s'est fait connaître grâce à deux singles (et autant de maxis) percutants et jazzy : La Source et La Suite. La bande a déjà fait ses preuves ; mais qu'en est-il de la révolution attendue sur la scène du rap français ?

Depuis la Saint-Sylvestre, le groupe est passé à l'étape du dessus avec la sortie de l'album Paris Sud Minute. Premier constat : cela ne ressemble pas à ce qu'il se fait actuellement dans le rap français, merci pour eux. Deuxième constat : on attendait une révolution ; la Bastille n'a pas été prise. Le disque est bon mais un poil décevant par rapport aux attentes soulevées par les deux premiers singles. L'ambiance est nocturne, fêtarde, et malgré le ton assez décontracté de l'ensemble des titres, l'atmosphère reste paradoxalement pesante. Étrange, pour un album qui, s'il se laisse écouter facilement, ne marquera pas l'histoire. 2013 ne sera pas l'année 1995.

Le flow est très bon, les instrus montrent que l'équipe a de la culture mais voilà, l'album ne convainc pas autant que les délicieux singles des débuts qui rappelaient un peu le grand Gil-Scott Heron. Et pour éviter un dernier single (Réel) gâché par un refrain naïf comme la beauté numérique de la Sexion d'Assaut, on reviendra à La Source, tout en guettant la suite avec impatience. En attendant, on se régalera avec le meilleur morceau d'un album bien léché mais inégal : Flingue Dessus.



S.

03/01/2013

Fin de l'entracte

Parce qu'une grande chanson vaut mieux qu'un long discours, laissons parler les artistes : 

"Does anybody know what we are living for?"

Après une pause bien trop longue, nous sommes (enfin) de retour. Pas pour jouer un mauvais tour mais pour, fidèles à notre mission de départ, vous parler de ces morceaux et de ces artistes délaissés par les radios - pour le plus grand bonheur des Rihanna et compagnie, au grand dam de nos pauvres oreilles - et pour donner un avis un brin différent sur l'actualité musicale. Alors si vous êtes prêts... the show must go on !