07/02/2012

Ne vous pressez pas, savourez Rush


2112...Voilà un album indispensable, un de ceux que tous les fans de rock complexe, recherché, progressif, se doivent de posséder.
Au début des années 70 cohabitaient dans le paysage musical toute une tripotée de groupes proposant une réelle alternative au rock pur et dur et au hard rock naissant. Leur musique se voulait expérimentale, laissant une large place aux instrumentalisations en tout genre et aux délires conceptuels les plus démesurés. Ainsi était né le rock progressif, sous l'égide de ceux que l'on considère aujourd'hui comme des groupes mythiques : King Crimson, Pink Floyd,Yes,ou encore Magma, tous dissemblables mais partageant une créativité et une imagination sans bornes.
Parallèlement, d'autres groupes de rock plus conventionnel voire même d'allégeance hardrockienne osaient intégrer à leur musique à guitares saturées des parties progressives au travers de textes philosophico-absurdes et de passages atmosphériques : parmi eux et aux alentours de 1975, on peut citer Rainbow (sur "Rising"), Queen (sur "A Night At The Opera"), et bien sûr Rush avec son formidable "2112".

Après trois albums de hard influencés par Led Zeppelin, le trio magique canadien Geddy Lee (basse, chant) - Alex Lifeson (guitares) - Neil Peart (batterie) invente ce que l'on appellera le désormais le hard progressif, savant mélange de hard racé et de progressif inspiré.
Tout est dit dans le premier morceau ("2112"), une fresque conceptuelle faramineuse, longue de 20 minutes, basée sur une nouvelle de la philosophe russe Ayn Rand. Il s'agit d'une histoire futuriste contant la découverte par un homme d'une guitare en l'an 2112, instrument disparu depuis longtemps dans un monde sous l'autorité des terribles prêtres des temples de Syrinx, bien réfractaires à toute forme d'expression, et contrôlant grâce à leurs gigantesques ordinateurs le moindre mouvement, le moindre écart de comportement de la part de leurs concitoyens. On passe ainsi de la joie naïve et béate d'un personnage ne se rendant pas compte de sa situation, au désespoir de ce même homme transformé par sa découverte, et ayant entrevu quelle pouvait être la vie des hommes avant la prise de pouvoir par les prêtres.
Les différents passages de l'histoire sont illustrés à merveille par une musique technique, enjouée, et surtout par les différents tons employés par Geddy Lee, jouant tour à tour le rôle du personnage principal (de la joie à la mort) et des prêtres. Ce morceau génial se décompose en 7 sous-parties; de l'ouverture, cavalcade triomphante et spaciale ("Overture"), au final ("Grand Finale") aux superbes parties de batterie, en passant par la découverte de l'instrument ("Discovery") et le passage lumineux de la chute d'eau, remarquablement illustré par Alex Lifeson, ou encore le passage de la présentation décrivant à merveille l'opposition prêtres/personnage principal en alternant passages puissants, accrocheurs et mélodies simples, légères ("Presentation"). Un morceau fantastique, qui laisse entrevoir tout le talent instrumental du trio (quel niveau !), et qui rappelle parfois le "Tommy" des Who, ou certains morceaux de Supertramp auxquels on aurait ajouté des guitares à la Maiden époque "Killers", bref une chanson géniale définissant véritablement le son et la musique si particulière de ce combo extraordinaire.

Alors bien sûr, après un tel morceau, il est difficile de se contenter des cinq chansons restantes, dont aucune n'atteint les quatre minutes. Pourtant chez Rush, et comme il est de mise avec les tous meilleurs groupes, la qualité est bien présente dans tous les morceaux, et cet album ne fait pas exception à la règle avec encore le très beau "A Passage To Bangkok" sa mélodie envoûtante, et la joie de vivre que respire le morceau, "The Twilight Zone" dont le début rappelle le Thin Lizzy de l'époque "Bad Reputation" (sorti en 1977), "Lessons" et son refrain à la AC/DC, le déprimant "Tears", et pour finir, le vivifiant "Something For Nothing". Un must absolu!

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire