28/11/2011

1977 : Bowie ne fait pas profil bas


Low est surement un des albums les plus méconnus de Bowie ; pourtant c'est aussi un des plus riches, un des plus originaux et aussi un des plus complexes à aborder, avec aucun single véritablement évident (mis à part Sound and Vision), d'où son manque de popularité. Pourtant Low reste un des plus grands albums de Bowie et tout simplement un des meilleurs albums des années 70's.


De retour en Europe après deux albums enregistrés au pays de l'oncle Sam, le Thin White Duke - personnage monté de toutes pièces par Bowie pour son précédent album Station to Station - dédaigne rejoindre son Angleterre natale. Sa direction est toute choisie : Berlin, ville divisée mais qui inspira Bowie pour Low et les deux albums suivants (Heroes et Lodger), albums qui forment ce tryptique classique de Bowie, communément appelé la "trilogie berlinoise", même si la majeure partie de Low est enregistrée...en France.

Pourtant, l'album fait clairement référence à la cité germanique et tel Berlin, Low est clairement divisé en deux parties, matérialisées sur le vinyle par le contraste entre la face A et la face B. En face A, des chansons assez courtes qui se rapprochent du travail fait par Bowie sur Station to Station avec une basse très groovy  et des guitares incisives (Breaking Glass et Sound And Vision en tête de proue) pour se rapprocher d'un funk blanc qui tire vers l'électronique. Mais surtout, Bowie chante sur la majorité des pistes, ce qui n'est pas le cas sur une face B totalement instrumentale affichant des morceaux plus longs. En effet, Bowie n'a pas hésité à supprimer des couplets entiers (Speed Of Life, Sound And Vision) pour aller à l'essentiel et pour faire ressortir uniquement des impressions des thèmes abordés. 
La lente et oppressante Warszawa (chanson qui a profondément marqué Joy Division, au point d'être adoptée comme le premier nom du groupe) décrit ainsi la misère qui règne dans le Varsovie opprimé de l'ère soviétique, Weeping Wall décrit, avec son carillon régulier et continu, la tragédie qu'a créé la construction du mur de Berlin, la séparation des familles et la décomposition de l'identité de la ville. Bowie finit par Subterraneans, un morceau quasi-religieux accompagné par le jeu de saxophone très blues de Mister Bowie himself.

L'inspiration est donc berlinoise, mais Bowie puise aussi son inspiration dans l'Allemagne industrielle des années 70, et on reconnaît facilement l'influence de groupes krautrock comme Kraftwerk ou Neu! dans l'utilisation des synthétiseurs et dans ces mélodies froides, parfois accompagnées de rythmes répétitifs - presque racoleurs - le tout nous accompagnant tout au long de cet album. 

Froid au premier abord, cet album ne cesse de dévoiler de nouvelles subtilités à chaque nouvelle écoute et on en finit même par s'approprier les mélodies, malgré leur singularité. Si la maison de disques de Bowie, RCA, a beaucoup râlé devant le côté "anti-commercial" de l'album, on ne peut aujourd'hui que s'incliner devant le coup de génie de Bowie, qui signe 38 minutes de musique intemporelle.

En bonus, le clip de Be My Wife, une des rares vidéos de la décennie 70 où Bowie apparaît sans maquillage, sans jouer de personnage : 





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