13/02/2013

Foals rallume la flamme



Si Alt-J, avec ses quelques trop courtes fulgurances, a bien essayé de sauver une année musicale 2012 bien terne, il fallait, de toute évidence, attendre l'arrivée du nouvel an chinois pour définitivement oublier le mauvais millésime 2012. Alors que sont annoncés les retours d'Arcade Fire, des Strokes, de Vampire Weekend et de MGMT (parmi d'autres), on se dit que 2013 ne peut être que plus belle et plus riche. Et parmi tout ce beau monde invité, c'est aux Anglais de Foals que revient le privilège d'allumer la flamme olympique signifiant le début des hostilités.

Si j'ai toujours été convaincu par Foals, je n'ai en revanche jamais été entièrement conquis : Antidotes fut et reste un excellent premier album, énergique et survitaminé mais  trop mal canalisé pour marquer durablement nos mémoires de ses refrains exécutés à cent kilomètres/heure. Son sucesseur, Total Life Forever, annonçait à nouveau une explosion de vie de toutes parts, avec son nom d'une grandiloquence grotesque. Pourtant, il avait surpris par son émotion, en gardant les rythmiques précises qui avaient façonné le style Foals. Jackpot ? Eh bien non, car à trop vouloir jouer sur la corde sensible, le fil finissait par se tordre et après une première moitié d'album quasi-parfaite, la deuxième partie d'album paraissait, au mieux, bien fade.

Qu'attendre alors de ce troisième disque ? Un remake sentimentale de Total Life Forever ? Un retour aux sources nerveux ? Un hybride idéal ?


Le prélude démarre et déjà les deux guitares du groupe s'entremêlent toujours avec autant de perfection, précises comme un scalpel qui opère et précieuses comme le coeur opéré. La tension monte en même temps que les pulsations cardiaques ralentissent : l'album est à peine commencé qu'il est déjà temps de prendre une profonde inspiration pour l'étouffant Inhaler, le morceau suivant et surement le meilleur morceau des 49 minutes de ce disque. Les musiciens d'Oxford expérimentent, de façon inédite, une violence étouffante. Les porteurs du feu sacré se transforment en cavaliers de l'Apocalypse brûlant tout sur leur passage, bien aidés par un impressionnant mur sonore d'où peine à s'extraire la voix de Yannis Philippakis. Les guitares incisives deviennent lourdes et grasses, franchissant presque le Rubicon du hard-rock. Surprenant, intense, suffocant... Néron a mis le feu à Rome.


Pas le temps de reprendre son souffle puisque le groupe enchaîne directement avec le single en puissance de l'album, My Number. Du rythme, de l'émotion, des changements d'intensité : My Number résume toutes les capacités des Anglais en 3 minutes 30 et conserve l'espoir d'un album parfait de bout en bout.

Mais voilà que les nuages arrivent et la pluie se met à éteindre l'incendie. Foals retombe non pas dans la médiocrité, mais dans l'indifférence : les morceaux suivants sont bons, travaillés - léchés même - mais rien n'y fait : jusqu'à l'intime Milk & Black Spiders et le terrible Providence qui s'amuse avec nos nerfs, on écoute sans écouter, on en profite sans adorer. L'album est bon, c'est une certitude mais, comme les précédents opus, il manque la petite touche décisive qui ferait passer Foals dans la cour des très grands. En attendant, ils agiteront sans problème les plus grandes salles et on profitera comme ils se doit des grandioses fulgurances qui illuminent Holy Fire


S.

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