05/01/2012

L'indulgence n'a qu'une limite : l'indigence

Attention cette chronique est issue de la main d'un fan passioné des 5 premiers albums de Metallica, et pourrait heurter la sensibilité des plus jeunes. Le titre de cette chronique vous aura sans doute montré ce que je pense de Lulu, le dernier...album...(j'ai du mal à le dire sans être pris de crises d'épilepsie) des quatre cavaliers métalliques.
Avant tout, il faut remettre les choses à leur place. Cet album n’est pas à proprement parler un véritable album de METALLICA (mais ça, vous le saviez déjà j’imagine). C’est avant tout le projet de Lou REED, les « four horsemen » n’ayant fait qu’y contribuer, y apporter quelques touches par ci par là, et contribuer majoritairement au niveau des instrus. Voila, tous mes arguments permettant de dédouaner le groupe d’avoir pondu cette immondice sont épuisés, on peut passer à la chronique à proprement parler, et expliquer pourquoi ce disque est un des pires jamais sortis par un groupe, toutes catégories confondues depuis l’invention du transistor.

Lou REED, c’est d’abord un factotum (je viens de perdre 99% de mon auditoire, mais je continue pour les quelques curieux). Le Velvet Underground, une farce. Imaginez-vous un artiste dont tous les choix musicaux sont dictés par une personne totalement extérieure au groupe (Andy Warhol). Oui, bon, vous me direz, avec les maisons de disque aujourd’hui, on peut parfois s’en rapprocher. Mais de là à aller jusqu’à choisir la « chanteuse » du groupe (Nico) ? Certes, ça plait chez les arty-trendy. Ça se retrouve dans les pages culture de Libé et Paris Match, dans des cocktails branchouilles, et c’est accueilli comme une révélation dans le paysage musical. Bien sûr, je ne suis personne pour venir critiquer la longue carrière de Lou, car celui-ci a pondu des titres intemporels,  mais tout de même, j’émets des réserves sur certaines périodes de celle-ci. 

En soit, l’idée était louable, le projet intéressant. Une collaboration entre deux artistes aux horizons si éloignés ne pouvait qu’entretenir la curiosité, et susciter l’intérêt. Seulement voilà, ces deux là ne vont absolument pas ensemble. Lou REED et METALLICA, c’est un peu comme de la mayonnaise sur des pâtes, c’est dégueulasse et ça donne des hauts le cœur. Le Metal est une musique ultra structurée, avec une rythmique presque mathématique. Les riffs de guitare tels que nous les connaissons sont une véritable charpente, et si le chant ne se cale pas sur ces riffs, tout dégringole. Si Lou avait fait appel à un rappeur pour composer la musique, son disque aurait pu tenir la route. Mais pas ici. Car on ne peut pas « déstructurer » à ce point des mélodies, et s’attendre à un résultat qui tienne la route, pas dans le Metal. 

Cet album, c’est un peu du « mauvais » art contemporain, un peu comme lorsque l’on n’a pas grand-chose à dire, mais qu’on aime tout de même ouvrir sa gueule. Que l’on crée, pour créer, en voulant faire dans le conceptuel. Mais le mot qui me vient avant tout pour décrire cet album est « vide », ou encore « néant ». Le titre "The View", qui est sorti un peu avant l’album, laissait penser au pire. Et pourtant, c’est selon moi le meilleur titre de l’album. Celui où Lou Reed chante le moins comme s’il était en train de vous crever dans les bras, celui sur lequel il y a un minimum de « rythme », et même une petite envolée accompagnée de la douce voix de James. On relèvera quelques moments agréables dans l’album, ne soyons pas de mauvaise foi. Le titre "Dragon", mis à part l’intro de 3 minutes truffées de bruits de fond sur lesquelles Lou nous gratifie d’un râle de vieillard malade, est agréable. Un riff ultra simpliste, mais qui arrive à créer une certaine ambiance.  Malheureusement, ce riff tourne en boucle pendant 7 minutes, alors accrochez vous pour réussir à l’écouter en entier. Ce constat s’appliquant à tous les titres, un riff simpliste, répété en boucle pendant 8 à 10 minutes. 

  "Pumping Blood"...Je n’ai jamais entendu quelqu’un chanter aussi mal que Lou Reed sur ce titre. Vos prières iront vers le bon vieux temps encore pas si lointain où votre petite soeur mettait à fond du Ilona Mitrecey dans le salon. Certes vous détestiez...Mais pas autant que cet étron nauséabond. C’est énervant, au sens propre du terme. Sa manière de chanter agace, et ce n’est pas le fait de voir METALLICA s’exprimer un peu sur la fin qui redonnera de l’intérêt au tout. 

"Junior Dad" et ses ambiances « chanson de générique de film de guerre américain » reste agréable. Lou y chante à peine, et lorsqu’il le fait, les instrus tout en douceur collent mieux à sa voix. Quant au riff de "Mistress Dead", on se demande pourquoi James, Lars & Co ne l’ont pas gardé pour leur prochain album. Thrashy à souhait. Et pourtant, le fait qu’il soit répété en boucle durant 6 minutes sans alternance finira par vous donner envie de jeter quelque contre un mur, votre tête de préférence. "Iced Honey" passe mieux, avec son mid-tempo sympa, qui donne une ambiance plus rock à l’ensemble, collant peut être mieux à l’esprit du projet. 

La palme de l’insupportable revient au titre "Frustration" avec ses superbes lyrics, mélange entre un roman pour jeune fille en fleur et cours de SVT de 6ème :

"I want so much to hurt you 
I want so much to hurt you 
I want so much to hurt you 
Marry me 
I want you as my wife
Spermless like a girl 
More man than I 
More man than I"

Merci Lou pour ces quelques précisions. Et pour en revenir à "The View", on y apprend que Hetfield est une table, lui qui déjà nous expliquait sur "Death Magnetic" que « Love », c’est un mot en quatre lettres… Il est loin le temps des paroles rageuses et sensées d’ "And Justice For All…". Ah, et je vous ai dit que Lars était pris de spasmes chroniques sur l’album ? Il s’est donné du mal pour combler les vides laissés parfois sur les passages instrumentaux. Quant à Kirk, il s’est fait bouffer les bras par un requin (sa passion du surf le perdra un de ces jours…). 

Écouter cet album était une terrible épreuve. Après quelques écoutes, je me suis dit qu’avec le temps, j’arriverais à m’y habituer, que des qualités insoupçonnées finiraient par me sauter aux oreilles. Mais, non, il n’en est rien. Vous pourrez l’écouter autant de fois que vous voudrez, il n’en ressortira globalement pas grand-chose, à part une indigence d'une rare ampleur.

 


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