Evidemment, en France, on connaît le phénomène : après
le passage de Julien Doré sur le regretté télé-crochet musical de M6, le ukulélé, fort de son
exposition médiatique hebdomadaire et en prime-time, est soudainement devenu la nouvelle star. Avant 2007, c’était un parcours du combattant terrible, et souvent infructueux,
pour trouver ce lointain cousin de la guitare dans nos contrées. Aujourd’hui il
est devenu terriblement banal et tous les magasins de musique (ou presque)
possèdent un « rayon » ukulélé bien garni. On y trouve des sopranos, des barytons, des électro-acoustiques, des
électriques, des roses (pour les adolescentes qui veulent être "cool"
alors qu’elles jetteront ledit instrument trois mois plus tard parce qu’au
final ça abime le vernis à ongles) et même certains qui arborent – sans honte –
les couleurs d’une célèbre éponge carrée ou d'une petite chatte japonaise…
Mais la vague ukulélé ne déferle pas que sur notre douce France ; la tendance est mondiale et partout les ukulélés s'arrachent : la marque Kala, par exemple, a vu ses ventes augmenter de 50 %
en 2010 après une année de croissance à 75 %...des chiffres qui feraient pâlir les plus grands traders de la City. Et encore, d’autres comme Hohner annoncent
une hausse des ventes de 300 % en 2010 ! Mais comment expliquer cette folie
furieuse ?
Le premier argument est d’ordre économique. Aussi étrange
que cela puisse paraître, ce petit instrument hawaïen profite de la récession
persistante. Car le principal argument de l’instrument reste son prix :
pour moins de 30 € on peut obtenir un ukulélé et, pour 30 € de plus, on a la
qualité qui va avec. Ce prix si bas, c’est déjà ce qui plaisait chez les Américains
lors de la Grande Dépression : pendant cette période, deux instruments
seulement avaient vu leurs ventes progresser aux USA : l’harmonica et
l’ukulélé, deux instruments à la fois bon marché et réputés facile à apprendre. Sans compter l'aspect exotique de l'objet et du son produit, véritable machine à bonheur. Alors l’ukulélé est-il simplement un
palliatif aux instruments traditionnels lorsque le pouvoir d’achat se
rétracte ? Et bien pas seulement, car si l’histoire se répète, c’est aussi
grâce à YouTube.
Facile à apprendre et facilement remarquable, l’ukulélé a
donné de nombreuses idées aux réalisateurs et musiciens en herbe de la communauté
web. Beaucoup se sont frottés à l’instrument traditionnel hawaïen mais peu ont
réussi à ne pas se couvrir de ridicule...
En dehors de ces pseudo-musiciens (mais vrais échecs), les
fabriquants de ukulélés ont surtout profité des reprises faites par un natif
d’Hawaii, Jake Shimabukuro, qui a fait le buzz avec son instrument de
prédilection. L’ukulélé-hero a même
joué un concert pour la reine Elizabeth II… cela montre bien l’étendue de sa
reconnaissance alors qu’il déclare lui-même : « les mots professionnel et joueur de
ukulélé sont en quelque sorte un
oxymore »
La vidéo du buzz et ses 9 millions de vues
Mais comme l’histoire récente nous l’a prouvé, les buzz sont
éphémères (voir par exemple Michael Vendetta, Cindy Sander, Kamini, et encore j'en passe et des meilleurs…) mais l’ukulélé n’est pas mort, loin de là. Une véritable communauté
s’est même créée, échangeant bon plans, concerts et tablatures. En effet, et
c’est là que se situe la principale cause du succès du ukulélé : il est
enfin pris au sérieux. Un exemple flagrant est le succès posthume de la chanson Over The Rainbow d’Israel Kamakawiwi’ole (hawaiien lui aussi,
comme son nom l’indique) alors que celle-ci avait fait un bide total en 1993.
Il faut dire qu’une personne de 350 kg
qui joue d’un instrument d’à peine 30 cm, cela avait de quoi faire sourire. En
2010, c’est l’inverse, on pleure, et cela fait vendre.
Le hit de 2010
Du ukulélé made in France
Et on remarque de plus en plus les groupes qui détiennent ce
fameux instrument, surtout si ceux-ci s’y étaient mis avant la hype qui entoure
dorénavant l’uke, son doux surnom. Cocoon mais surtout Dionysos l’utilisaient depuis bien
longtemps mais ils ont su saisir leur chance lorsque la vague venue du Pacifique a déferlé.
De même pour Thomas Fersen qui a carrément sorti un album centré autour de la
« puce sauteuse », comme le suggère le mot ukulélé en hawaïen. Sur
le plan international, personne n’a pu, l’été dernier, échapper au single Soul Sister de Train (qu’on entend plus
depuis, preuve de l’effet d’aubaine ukulélé…) qui lui a valu un Grammy Award. Même le grand Eddie Vedder (ex-Pearl Jam) a sorti cette année un album au titre évocateur : Ukulele Songs... Enfin la passion autour de l’instrument
est telle que des formations plus atypiques se créent, et je ne résiste pas à
l’envie de vous parler du Ukulele Orchestra of Great Britain qui reprend de
grands standards à plusieurs ukulélés pour un résultat…surprenant !
Longtemps vu comme un jouet plus que comme un réel instrument, l'ukulélé fait un come-back fulgurant et qui dure depuis quelques années. Facile d’accès, peu cher et tendance, l’ukulélé a tout pour
plaire. Mais maintenant, c’est au tour du Père Noel d’en juger…
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