Ovationné très justement par la critique, on pourrait
incriminer la chance du débutant pour expliquer la réussite avec laquelle Miles
Kane orchestre, du début à la fin, son premier album. Pourtant le jeune Anglais
n’est pas à son coup d’essai. Ex-The Rascals, groupe indie dont le seul album
fut suffisamment bon pour remarquer une première fois Mr. Kane, le
chanteur-guitariste est aussi un grand ami d’Alex Turner qui lui a récemment
proposé d’intégrer les Arctic Monkeys. Offre poliment déclinée alors que les
deux hommes avaient déjà travaillé ensemble pour créer l’éphémère – mais
excellent groupe – Last Shadow Puppets.
Miles Kane ne fait donc pas partie de ces chanteurs bidons
qui sortent un album prometteur, font un petit tour et puis s’en vont : il
maîtrise parfaitement la palette du chanteur pop, n’a rien à envier – ou
presque – à ses aînés d’Oasis ou de Blur, et assume chacun des titres présents
sur un disque au rythme soutenu et varié, alternant entre des petits brûlots
rock, une légèreté pop et l’insoutenable obligation de la ballade.
Invité deux fois de suite Au Grand Journal par Denisot qui
avait encensé le précieux objet au point de déclarer que c’était « l’un des meilleurs albums rock de la
décennie », nous n’en dirons pas autant. On se contentera d’un « des meilleurs albums pop de l’année », ce qui n’est déjà pas si mal. Mais
attention, on parle ici d’une pop raffinée (à l’image de son chanteur
endimanché), dans la plus pure tradition britpop, bien loin de cette soupe
mainstream servie par NRJ & Co que l’on qualifie aussi sous cette trop
large étiquette « pop ».
Come Closer, premier titre d'un album efficace
Vous avez donc compris, ce disque est fait « à base de popopopop » mais n’oublie pas son côté rock’n’roll. Dès le premier extrait, Come Closer, le ton est donné par le batteur qui martèle avec conviction un rythme pas bien compliqué mais dont l’efficacité est accentué par des « ah-ah-ah-ah-ah-ah oh-oh-oh-oh-oh-oh » qui laissent résonner la mélodie dans vos têtes, et pour un bon bout de temps. Viennent ensuite Rearrange et My Fantasy, et autant de preuves du romantisme du talentueux britannique qui arrive à ne pas donner dans la soupe à la guimauve. On remarquera aussi le nerveux Inhaler, titre le plus rock de l’album qui rappelle ce que faisait Miles Kane sous l’ère The Rascals, ou encore l’épique Kingcrawler et sa cadence appuyée à grands renforts de percussions rappelant de grandes fêtes aborigènes. Ce qui est certain, c’est que Miles Kane a su éviter le piège (quelle que soit sa couleur….) de l’égocentrisme qui accompagne bien souvent la sortie d’un album solo pour nous en livrer un son image : humble mais classe.
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