Depuis 2002 et la sortie de leur premier album, les Black
Keys ont été très prolifiques - El Camino
est le septième album du duo américain – mais la quantité n’a jamais pris le
pas sur la qualité. Et cette règle est, encore une fois, respectée sur El Camino : 11 chansons de très
bonne facture pour 38 (trop petites) minutes de bonheur. 38 minutes entraînantes, presque dansantes
parfois (Lonely Boy), mais à aucun
moment les deux hommes du Midwest ne
renient leurs racines bluesy.
Pourtant, les plus fervents fans des Black Keys avaient de
quoi être sceptiques avant la parution de l’album. Beaucoup avaient peur d’un
rapprochement vers la facilité pop, après le succès un brin inattendu de leur
précédent album Brothers. L’association
avec le producteur Danger Mouse avait aussi de quoi surprendre, puisque la
moitié de Gnarls Barkley n’est pas un habitué du genre. Mais les craintes se
dissipent vite à l’écoute de l’album : Danger Mouse a laissé les deux boys
d'Akron s’exprimer et a rendu, comme à son habitude, une très belle copie à
la production, sobre, avec une prise de son impeccable.
Ce qui est intéressant, c’est la façon dont le groupe a
enregistré ce disque : ils sont arrivés en studio sans textes et sans
mélodies. Tous les morceaux d’El Camino ont
le point commun d’être issus de jam sessions faites au studio. Alors qu’on
aurait pu avoir le droit à 4 chansons de rock progressif de 12 minutes, les
deux musiciens ont conservé un format « pop », sans altérer la
richesse de l’album. Car, et c’est cela le plus l’important, la musique du duo
américain s’exprime pleinement sur ce disque. Le rythme est soutenu, les
guitares sont crunch, les claviers bien vintage et l’autodidacte Patrick Karney s’éclate derrière ses
fûts autant que Dan Auerbach nous hypnotise de sa voix si
particulière.
L’album commence fort avec Lonely Boy, premier single de l’album à la guitare nerveuse, au
clavier entrainant et au refrein accrocheur. Un hit qui pourrait bien devenir
le titre phare qui manquait à un groupe souvent comparé à des «White Stripes sans Seven Nation Army ».
Le reste de l’album est plus homogène, mais la barre est toujours placée aussi
haut. Seule véritable «pause » de l’album parmi tous ces blues modernes et
agités, Little Black Submarines
étonne et détonne : après deux minutes bercées par la guitare séche et le
chant de Dan Auerbach, le groupe remet le courant pour une reprise électrique de la
mélodie. Grandiose. Et le reste de l’enregistrement est presque de la même
facture…
Les Black Keys sortent donc un très bon disque qui sonne vintage tout en restant résolument moderne. Sans rien inventer, les Black
Keys ne réécrivent pas ce qui a été fait dans le passé : car le talent de
ce groupe réside bel et bien dans leur personnalité : peu d’artistes
peuvent, à l’heure actuelle, se targuer d’avoir un style aussi affirmé et aussi facilement reconnaissable que celui des
Black Keys. Après le succès critique, il ne manque plus que le succès
commercial. A bon entendeur.
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