14/03/2012

Ne zappons pas Television





Si Verlaine reste un nom bien connu des amateurs de poésie, le Verlaine du rock'n'roll parle par contre peu au fan lambda de musique. Né Thomas Miller, le garçon est, en apparence, loin d'être un poète : grand et maigre, c'est un des piliers du CBCG, bar new-yorkais au centre de l'explosion punk des 70's. Endroit à l'hygiène plus que douteuse, infecté par les clodos, épicentre du trafic d'héroïne et véritables toilettes publiques, le CBGB va naturellement attirer des groupes de punk qui n'ont, au début des 70's, aucune salle pour imposer leur style anti-système. Si Suicide est un des premiers groupes à s'y installer, c'est avec l'arrivée de Television, le groupe de Verlaine, en 1974, que le CBGB se fait un nom.

En plus de ramener une touche de classe dans le monde des brutes punk, Verlaine ramène aussi les New Yorks Dolls et sa petite amie Patti Smith, avant que Mink DeVille, The Heartbreakers ou encore les Talking Heads se ramènent, attirés par la frénésie qui règne. Car si Television est un des centres du mouvement punk new-yorkais, il est aujourd'hui malheureusement caché par les carrières de groupes comme les New York Dolls, Talking Heads ou Blondie. Il faut dire que la carrière de Television est éphémère, et peu propice aux mythes : 5 ans d’existence, deux albums et une séparation couronnant l'échec de leur deuxième album. Et pis c'est tout.

Pourtant, ils ont influencé tout une génération de musiciens (The Strokes en tête) avec une section rythmique impressionnante, un "poète" derrière le micro ("You complain of my dic...tion") qui n'hésite pas, parfois, à chanter d'une voix faiblarde pour augmenter la puissance de sa musique et, surtout, un duo de guitaristes pour qui chaque morceau est une occasion propice au duel, les guitares se répondant, s'entremêlant, pour mieux s'entendre lorsqu'il s'agit de placer un riffs claquant, un arpège cristallin, une pique plaintive, un solo ravageur.



Mais surtout, Television c'est Marquee Moon, leur mythique premier album sorti en 1977. Des trouvailles mélodiques permanentes, guidées par la maestria si particulière du chant du corbeau Verlaine qui nous fait bouger sur les morceaux rapides (See No Evil, Friction) et rêver sur d'autres titres plus lents (Guiding Light). Television apporte la culture et le snobisme (Venus) qui manquait au punk pour signer ce disque de légende - malheureusement trop souvent oublié - qui suffit à les faire rentrer au panthéon du rock.



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