16/03/2012

2011 : Raphael Saadiq continue de rouler sa bosse


     Raphael Saadiq… En 2008, tout le monde a eu le temps de s’habituer à un nom pour le moins étrange pour nos oreilles de petits français. En 2008, tout le monde a entendu ne serait-ce que quelques notes de l’une de ses chansons. En résumé, en 2008, lors de la sortie de son troisième album The Way I See It, Raphael Saadiq, né Charlie Ray Wiggins, a fait parler de lui. Reconnu par la critique musicale, il s’est imposé en tant que fervent représentant d’un mouvement néo-soul résolument vintage. Trois ans après, en cette belle année 2011, l’Américain a jugé bon de revenir sur le devant de la scène pour nous donner une nouvelle leçon de déhanché et de groove, au rythme de l’excellent Stone Rollin’.

     Dix chansons, dix friandises, diverses et variées. Le seul ingrédient conservé tout au long de cet album par le chef Saadiq est cet enivrant parfum de Motown des 60’s, ces senteurs délicates de Black Music affinées pendant près d’un demi-siècle. Stone Rollin’ commence très fort avec le remuant « Heart Attack », aux arrangements dignes de ceux du Sly & The Family Stone de la grande époque. Sans transition, l’album prend ensuite des teintes plus Rock n’ Roll : impossible de résister à un petit twist à la mémoire de papi-mamie au son de « Radio », histoire de se divertir avant les premières notes de « Stone Rollin’ ». Cette chanson, qui a baptisé l’album, et dont l’intro d’harmonica nous ramène subitement dans les champs de coton d’Alabama, est un hommage au bon vieux Rhythm n’ Blues (le R&B originel, le vrai de vrai). Mention spéciale également pour « Day Dreams », savoureux mélange de gospel et de rockabilly, aux accords de piano finement plaqués, qui ne sont pas sans nous évoquer le regretté Ray Charles… Enfin, Saadiq nous propose une dernière petite démonstration de son éclectisme sur « Just Don’t », ovni Soul évoluant mesure après mesure vers une sorte de psychédélisme au son du solo de synthé cosmique, interprété par Larry Dunn, légende du Funk au sein d’Earth, Wind & Fire.

Stone Rollin'

    Il convient de remercier notre ami Raphael Saadiq de nous offrir un si bel album, dans la droite lignée des chefs d’œuvre de Black Music du siècle dernier. Mais plus encore, il convient de le sanctifier  de nous prouver que la scène Soul n’est pas morte, loin de là. Il faut dire que l’Américain n’en est pas à son premier coup d’essai, du haut de ses 45 printemps. Les termes « bassiste de Prince » inscrits sur son CV ne mentent pas, Saadiq a une propension à comprendre le groove. Pas étonnant, dès lors, qu’il soit crédité de l’enregistrement de la majeure partie des instruments présents sur Stone Rollin’.

    Mais, au-delà de maîtriser son sujet en studio, ce garçon est une véritable bête de scène. Le savoir-faire de Saadiq et sa bande est troublant : pas une fausse note, le perfectionnisme musical est de mise, avec en prime un jeu de scène abouti et surprenant… Imaginez-vous le claviériste, beau bébé d’au moins 150 kg vous faire une démonstration de Cool Whip, danse des 60’s, au beau milieu du concert, ça détonne ! Cette scène est à l’image de Raphael Saadiq, un type doué qui a l’audace de jouer avec un héritage soul très lourd à porter, mais qui parvient à le secouer, le faire swinguer pour le sublimer.

Day Dreams

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