Raphael Saadiq… En 2008, tout le
monde a eu le temps de s’habituer à un nom pour le moins étrange pour nos
oreilles de petits français. En 2008, tout le monde a entendu ne serait-ce que
quelques notes de l’une de ses chansons. En résumé, en 2008, lors de la sortie
de son troisième album The Way I See
It, Raphael Saadiq, né Charlie Ray Wiggins, a fait parler de lui.
Reconnu par la critique musicale, il s’est imposé en tant que fervent
représentant d’un mouvement néo-soul résolument vintage. Trois ans après, en
cette belle année 2011, l’Américain a jugé bon de revenir sur le devant de la
scène pour nous donner une nouvelle leçon de déhanché et de groove, au rythme
de l’excellent Stone Rollin’.
Dix
chansons, dix friandises, diverses et variées. Le seul ingrédient conservé tout
au long de cet album par le chef Saadiq est cet enivrant parfum de Motown des
60’s, ces senteurs délicates de Black Music affinées pendant près d’un
demi-siècle. Stone Rollin’
commence très fort avec le remuant « Heart Attack », aux arrangements
dignes de ceux du Sly & The Family Stone de la grande époque. Sans
transition, l’album prend ensuite des teintes plus Rock n’ Roll :
impossible de résister à un petit twist à la mémoire de papi-mamie au son de
« Radio », histoire de se divertir avant les premières notes de
« Stone Rollin’ ». Cette chanson, qui a baptisé l’album, et dont
l’intro d’harmonica nous ramène subitement dans les champs de coton d’Alabama, est
un hommage au bon vieux Rhythm n’ Blues (le R&B originel, le vrai de vrai).
Mention spéciale également pour « Day Dreams », savoureux mélange de
gospel et de rockabilly, aux accords de piano finement plaqués, qui ne sont pas
sans nous évoquer le regretté Ray Charles… Enfin, Saadiq nous propose une
dernière petite démonstration de son éclectisme sur « Just Don’t »,
ovni Soul évoluant mesure après mesure vers une sorte de psychédélisme au son
du solo de synthé cosmique, interprété par Larry Dunn, légende du Funk au sein
d’Earth, Wind & Fire.
Stone Rollin'
Il
convient de remercier notre ami Raphael Saadiq de nous offrir un si bel album,
dans la droite lignée des chefs d’œuvre de Black Music du siècle dernier. Mais
plus encore, il convient de le sanctifier
de nous prouver que la scène Soul n’est pas morte, loin de là. Il faut
dire que l’Américain n’en est pas à son premier coup d’essai, du haut de ses 45
printemps. Les termes « bassiste de Prince » inscrits sur son CV ne
mentent pas, Saadiq a une propension à comprendre le groove. Pas étonnant, dès
lors, qu’il soit crédité de l’enregistrement de la majeure partie des
instruments présents sur Stone Rollin’.
Mais,
au-delà de maîtriser son sujet en studio, ce garçon est une véritable bête de
scène. Le savoir-faire de Saadiq et sa bande est troublant : pas une
fausse note, le perfectionnisme musical est de mise, avec en prime un jeu de
scène abouti et surprenant… Imaginez-vous le claviériste, beau bébé d’au moins
150 kg vous faire une démonstration de Cool Whip, danse des 60’s, au beau
milieu du concert, ça détonne ! Cette scène est à l’image de Raphael
Saadiq, un type doué qui a l’audace de jouer avec un héritage soul très lourd à
porter, mais qui parvient à le secouer, le faire swinguer pour le sublimer.
Day Dreams
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