29/12/2011

Suburban War

2011 n'est toujours pas fini et, comme il ne se passe pas grand chose musicalement pendant ces périodes de fêtes, il est encore temps de faire des bilans sur l'année écoulée. Aujourd'hui, je me suis donc demandé quel clip m'avait le plus marqué lors de cette cuvée 2011 ; et la réponse m'est venue naturellement, sans être parasitée par les déhanchements provoquants des Rihanna & Co qui enlèvent une épaisseur à chaque nouveau single... L'heureux élu est le premier single de la jeune carrière du groupe électro Is Tropical, The Greeks


Pour l'anecdote, le film a été tourné dans une banlieue pavillonnaire de Paris... Admirons aussi au passage le jeu d'acteurs des gamins qui ont l'air de s'être pas mal éclatés. Problème : pour visionner leur chef-oeuvre sur YouTube, ils devront attendre d'atteindre l'âge de la majorité...

Le groupe du label Kitsuné a d'ailleurs bien réussi son coup puisque la vidéo avait bien tourné sur le Net, dépassant le million de vues en moins d'une semaine. Malgré le buzz provoqué, il faut bien dire que le premier album (Native To) des trois londoniens est passé inaperçu. Pourtant, le single, comme le clip était vraiment réussi...on pourrait presque croire que faire de l'électro sur un label à la mode ne fait plus vendre...


27/12/2011

Pour un hiver plus blanc que blanc...

Vous êtes déçus de ne pas avoir eu un Noël blanc ? Hé bien moi aussi. Heureusement, il existe une solution en quatre étapes. Suivez le mode d'emploi !


1_Un ciel blanc qui annonce la neige: 

White Sky - Vampire Weekend

2_De la neige : 

Snow (Hey Oh) - Red Hot Chili Peppers

3_Une activité bien trippante : des châteaux de neige (bien plus original que des bonhommes de neige...) : 

Castles In The Snow - Twin Shadow

4_Secouez le tout et vous avez un bel hiver bien blanc : 

White Winter Hymnal - Fleet Foxes

Pour terminer, j'espère - à défaut d'avoir apprécié les jeux de mots sur les titres de ces morceaux - que vous avez passé de joyeuses fêtes.

23/12/2011

Joyeux Noël, si vous le voulez bien !

     Voici pour vous, mes amis, un léger article, pour compenser le lourd repas du réveillon de Noël qui approche, à savoir une belle grosse dinde farcie qui vous attend sagement au fond du four avant d'être dégustée comme il se doit d'ici quelques heures !

     Pour rester dans l'ambiance des sapins, des petits papas noël, des traîneaux, des rennes et tout le tralala, je me permets de vous offrir une innocente petite chanson de Noël comme on aime en entendre en cette fin de mois de décembre, assis au coin de feu à regarder les flocons de neige recouvrir silencieusement le moindre pan de toits environnant... Comment ? Ai-je parlé d'innocence ?? Je pense que le terme n'est en fait pas très approprié en ce qui concerne Happy Xmas (War Is Over), chanson écrite par John Lennon (et Yoko Ono, accessoirement) ! 

    Composée au début des 1970's, cette protest song fait écho à la campagne de communication menée par le couple en 1969 pour protester contre l'implication hautement impopulaire des USA dans la Guerre du Vietnam. A l'époque, les deux tourtereaux avaient loué plusieurs panneaux publicitaires dans onze grandes villes mondiales pour y afficher "WAR IS OVER (If you want it) ! Happy Christmas from John et Yoko" !! Une performance d'engagement quasi-artistique ! Avoir transformé deux années plus tard cette action en chanson a permis d'une certaine façon de rendre éternelle cette performance pacifiste. A vous de faire résonner désormais les "War is over, if you want it, war is over now !" dans votre salon tout décoré de rouge et de blanc (John mérite bien cela) ! 


Weekend en Transsylvanie ?

C’est bientôt Noël…et qui dit Noël dit aussi vieux barbu bedonnant, stress pour l’achat des cadeaux, partage de crise pour le foie gras et crise de foie pour ne pas avoir partagé le chocolat. Mais la période de Noël c’est aussi – et avant tout – une période de fêtes et donc de vacances. C’est le moment de se reposer, de perdre son sérieux, de se faire plaisir et de retrouver l’énergie perdue ces derniers temps à cause du froid (qui mettrait à mal nos défenses naturelles si on ne boit pas un certain yaourt… enfin on enquête là-dessus). Pour cela une seule solution s’impose :



« Holiday, oh holiday, and the best one of the year »





Auteurs d’un clip assez déjanté pour répondre ironiquement à leurs détracteurs (qui affirment qu’ils font trop « aristo » pour être rock), Vampire Weekend signe (une fois de plus) une grande composition dont ils ont le secret : ligne de batterie dantesque inspirée de la World Music des eighties et son de guitare singulier, couronnée par la voix haut perchée d’Ezra Koenig. Utilisée dans deux publicités autour du thème de Noël l’an dernier, les paroles nous rappellent que nous sommes en congé mais que l’été n’arrive que dans six mois…


Enfin les 4 New-Yorkais ont quand même trouvé le moyen de coller avec la période des fêtes : en tournant le clip les quatre musiciens ont dû recommencer tellement de fois la scène où ils mangent des sucreries qu’ils en sont tombés malades… Rock’n’roll !

22/12/2011

Les albums de 2011 : Colour Of The Trap




Ovationné très justement par la critique, on pourrait incriminer la chance du débutant pour expliquer la réussite avec laquelle Miles Kane orchestre, du début à la fin, son premier album. Pourtant le jeune Anglais n’est pas à son coup d’essai. Ex-The Rascals, groupe indie dont le seul album fut suffisamment bon pour remarquer une première fois Mr. Kane, le chanteur-guitariste est aussi un grand ami d’Alex Turner qui lui a récemment proposé d’intégrer les Arctic Monkeys. Offre poliment déclinée alors que les deux hommes avaient déjà travaillé ensemble pour créer l’éphémère – mais excellent groupe – Last Shadow Puppets.
Miles Kane ne fait donc pas partie de ces chanteurs bidons qui sortent un album prometteur, font un petit tour et puis s’en vont : il maîtrise parfaitement la palette du chanteur pop, n’a rien à envier – ou presque – à ses aînés d’Oasis ou de Blur, et assume chacun des titres présents sur un disque au rythme soutenu et varié, alternant entre des petits brûlots rock, une légèreté pop et l’insoutenable obligation de la ballade.

Invité deux fois de suite Au Grand Journal par Denisot qui avait encensé le précieux objet au point de déclarer que c’était « l’un des meilleurs albums rock de la décennie », nous n’en dirons pas autant. On se contentera d’un « des meilleurs albums pop de l’année », ce qui n’est déjà pas si mal. Mais attention, on parle ici d’une pop raffinée (à l’image de son chanteur endimanché), dans la plus pure tradition britpop, bien loin de cette soupe mainstream servie par NRJ & Co que l’on qualifie aussi sous cette trop large étiquette « pop ».

Come Closer, premier titre d'un album efficace

Vous avez donc compris, ce disque est fait « à base de popopopop » mais n’oublie pas son côté rock’n’roll. Dès le premier extrait, Come Closer, le ton est donné par le batteur qui martèle avec conviction un rythme pas bien compliqué mais dont l’efficacité est accentué par des « ah-ah-ah-ah-ah-ah oh-oh-oh-oh-oh-oh » qui laissent résonner la mélodie dans vos têtes, et pour un bon bout de temps. Viennent ensuite Rearrange et My Fantasy, et autant de preuves du romantisme du talentueux britannique qui arrive à ne pas donner dans la soupe à la guimauve. On remarquera aussi le nerveux Inhaler, titre le plus rock de l’album qui rappelle ce que faisait Miles Kane sous l’ère The Rascals, ou encore l’épique Kingcrawler et sa cadence appuyée à grands renforts de percussions rappelant de grandes fêtes aborigènes. Ce qui est certain, c’est que Miles Kane a su éviter le piège (quelle que soit sa couleur….) de l’égocentrisme qui accompagne bien souvent la sortie d’un album solo pour nous en livrer un son image : humble mais classe.





21/12/2011

Le crime parfait

    Identité : Fun Lovin' Criminals. Motif : faire de la bonne musique. Verdict : coupable. 

    Formé en 1993 à New-York, ce groupe est pour le moins intrigant. Il est tout simplement impossible de le classer dans une catégorie musicale précise (l'on pourrait parler de hold-up stylistique...) ! Sur une chanson, l'on peut balancer entre le rock pur et dur et le hip-hop. Sur un album entier, on se perd entre les sonorités funk, rap, pop, voire jazz ! La musique des FLC est une fusion, un métissage grandiose de tout ce qui se fait de mieux en terme de style musical depuis un demi-siècle.

    Ce n'est pas chose aisée de puiser dans une demi-douzaine de genres musicaux pour aboutir à quelque chose de neuf, d'audible, à quelque chose qui ne soit surtout pas un mélange confus et imprécis. Ça l'est encore moins lorsque les vaillants artistes qui veulent relever ce défi ne sont que trois ! Pour ceux qui voyaient en les Fun Lovin' Criminals une bande plus massive, au réseau plus étendu, je suis désolé de leur apprendre que FLC, c'est surtout du chant, une guitare (rôle tenu par Huey Morgan), une basse (Brian Leiser), une batterie (Steve Borgovini) et quelques platines. Comme quoi, pas besoin de bataillons d'instruments pour composer de la musique qui se veut un petit peu circonstanciée !

   En somme, les Fun Lovin' Criminals, en sous-effectif pour des compositions surprenantes et survoltantes, nous font goûter depuis 18 ans à leur talent de l'arrangement. Depuis 18 ans, le crime - organisé - n'a jamais été aussi joliment défendu.

Scooby Snacks
Titre phare des FLC
Ecoutez attentivement les voix, il y a du Pulp Fiction là-dessous !

20/12/2011

L'ukulélé : cadeau de crise ou crise du cadeau ?

Petite devinette : qu’est ce qui est petit, facile à utiliser, disponible dans de nombreuses couleurs et qui a de fortes chances de se retrouver sous votre sapin le 25 décembre ? De la patte à modeler ? Un iPod ? Non, et ceux qui ont lu le titre de cet article connaissent déjà la réponse : je veux bien évidemment parler du ukulélé, instrument qui n’a jamais aussi populaire qu’aujourd’hui.


Evidemment, en France, on connaît le phénomène : après le passage de Julien Doré sur le regretté télé-crochet musical de M6, le ukulélé, fort de son exposition médiatique hebdomadaire et en prime-time, est soudainement devenu la nouvelle star. Avant 2007, c’était un parcours du combattant terrible, et souvent infructueux, pour trouver ce lointain cousin de la guitare dans nos contrées. Aujourd’hui il est devenu terriblement banal et tous les magasins de musique (ou presque) possèdent un « rayon » ukulélé bien garni. On y trouve des sopranos, des barytons, des électro-acoustiques, des électriques, des roses (pour les adolescentes qui veulent être "cool" alors qu’elles jetteront ledit instrument trois mois plus tard parce qu’au final ça abime le vernis à ongles) et même certains qui arborent – sans honte – les couleurs d’une célèbre éponge carrée ou d'une petite chatte japonaise…

Mais la vague ukulélé ne déferle pas que sur notre douce France ; la tendance est mondiale et partout les ukulélés s'arrachent : la marque Kala, par exemple, a vu ses ventes augmenter de 50 % en 2010 après une année de croissance à 75 %...des chiffres qui feraient pâlir les plus grands traders de la City. Et encore, d’autres comme Hohner annoncent une hausse des ventes de 300 % en 2010 ! Mais comment expliquer cette folie furieuse ?

Le premier argument est d’ordre économique. Aussi étrange que cela puisse paraître, ce petit instrument hawaïen profite de la récession persistante. Car le principal argument de l’instrument reste son prix : pour moins de 30 € on peut obtenir un ukulélé et, pour 30 € de plus, on a la qualité qui va avec. Ce prix si bas, c’est déjà ce qui plaisait chez les Américains lors de la Grande Dépression : pendant cette période, deux instruments seulement avaient vu leurs ventes progresser aux USA : l’harmonica et l’ukulélé, deux instruments à la fois bon marché et réputés facile à apprendre. Sans compter l'aspect exotique de l'objet et du son produit, véritable machine à bonheur. Alors l’ukulélé est-il simplement un palliatif aux instruments traditionnels lorsque le pouvoir d’achat se rétracte ? Et bien pas seulement, car si l’histoire se répète, c’est aussi grâce à YouTube. 

Facile à apprendre et facilement remarquable, l’ukulélé a donné de nombreuses idées aux réalisateurs et musiciens en herbe de la communauté web. Beaucoup se sont frottés à l’instrument traditionnel hawaïen mais peu ont réussi à ne pas se couvrir de ridicule...


En dehors de ces pseudo-musiciens (mais vrais échecs), les fabriquants de ukulélés ont surtout profité des reprises faites par un natif d’Hawaii, Jake Shimabukuro, qui a fait le buzz avec son instrument de prédilection. L’ukulélé-hero a même joué un concert pour la reine Elizabeth II… cela montre bien l’étendue de sa reconnaissance alors qu’il déclare lui-même : « les mots professionnel et joueur de ukulélé sont en quelque sorte un oxymore »

La vidéo du buzz et ses 9 millions de vues

Mais comme l’histoire récente nous l’a prouvé, les buzz sont éphémères (voir par exemple Michael Vendetta, Cindy Sander, Kamini, et encore j'en passe et des meilleurs…) mais l’ukulélé n’est pas mort, loin de là. Une véritable communauté s’est même créée, échangeant bon plans, concerts et tablatures. En effet, et c’est là que se situe la principale cause du succès du ukulélé : il est enfin pris au sérieux. Un exemple flagrant est le succès posthume de la chanson Over The Rainbow d’Israel Kamakawiwi’ole (hawaiien lui aussi, comme son nom l’indique) alors que celle-ci avait fait un bide total en 1993. Il faut dire qu’une personne  de 350 kg qui joue d’un instrument d’à peine 30 cm, cela avait de quoi faire sourire. En 2010, c’est l’inverse, on pleure, et cela fait vendre.

Le hit de 2010


Du ukulélé made in France

Et on remarque de plus en plus les groupes qui détiennent ce fameux instrument, surtout si ceux-ci s’y étaient mis avant la hype qui entoure dorénavant l’uke, son doux surnom. Cocoon mais surtout Dionysos l’utilisaient depuis bien longtemps mais ils ont su saisir leur chance lorsque la vague venue du Pacifique a déferlé. De même pour Thomas Fersen qui a carrément sorti un album centré autour de la « puce sauteuse », comme le suggère le mot ukulélé en hawaïen. Sur le plan international, personne n’a pu, l’été dernier, échapper au single Soul Sister de Train (qu’on entend plus depuis, preuve de l’effet d’aubaine ukulélé…) qui lui a valu un Grammy Award. Même le grand Eddie Vedder (ex-Pearl Jam) a sorti cette année un album au titre évocateur : Ukulele Songs... Enfin la passion autour de l’instrument est telle que des formations plus atypiques se créent, et je ne résiste pas à l’envie de vous parler du Ukulele Orchestra of Great Britain qui reprend de grands standards à plusieurs ukulélés pour un résultat…surprenant !


Longtemps vu comme un jouet plus que comme un réel instrument, l'ukulélé fait un come-back fulgurant et qui dure depuis quelques années. Facile d’accès, peu cher et tendance, l’ukulélé a tout pour plaire. Mais maintenant, c’est au tour du Père Noel d’en juger…



19/12/2011

Le p'tit Judas en culotte de velours

"Iron Maiden a changé ma vie !". Serait-ce une citation d’un fan inconditionnel pleurant chaque soir de tournée dans les tribunes d’un stade bondé ? De Bruce Dickinson, le chanteur du groupe ? Du disquaire du coin de la rue qui a fait ses 13ème et 14ème mois en vendant les albums de la bête satanique ?.. Vous êtes bien loin de la vérité mes amis, car l’auteure de cette phrase n’est autre que THE Lady Gaga en personne, adoratrice bien connue du heavy metal pionnier.
   Si la « Vierge de Fer » fascine manifestement la star, c’est pourtant un autre groupe fondateur de heavy métal qui vole la vedette en duo avec Gaga sur le Web. Un petit malin travaillant sous le pseudonyme de WaxAudio nous propose en effet un mash-up de Judas, tube international, si ce n’est interplanétaire, de la Lady et du cultissime Painkiller de Judas Priest, un monument incontournable du heavy metal !
  Si vous êtes fan de l’un ou de l’autre, mais pas des deux, vous vous dites probablement que cette vidéo n’est pas faite pour vous. Eh bien détrompez-vous, la claque reçue en sera d’autant plus monumentale! Car c’est bien d’un monument de la vidéo web dont je vous parle ici, où chaque détail a été parfaitement réglé et travaillé, le remix paraît tellement naturel qu’on croirait avoir toujours entendu la chanson chantée de cette manière. La batterie omniprésente de Scott Travis accompagne à merveille le beat enfantin et le voix surproduite de la chanson pop,  tandis les interventions suraiguës de Rob Halford tranchent sans merci à travers les nappes de synthétiseur remixées aux sons des guitares. Rythmiquement tout est parfait, retouché au minimum syndical pour un résultat d‘une propreté époustouflante. Un juste milieu semble avoir été trouvé entre la House-Music et le Métal en distordant seulement légèrement les parties à dominante Gaga et un peu plus les parties à dominante Priest, et ça c‘est tout de même très fort quand on connaît l‘aversion générale des fans de l‘un des styles pour l‘autre.
    La vidéo est loin de faire tache dans cet océan de qualité musicale, au contraire, elle sublime cette chose improbable, en étant encore une fois parfaitement rythmée, et en nous montrant tout le kitsch des deux artistes, différents mais au fond si trashement semblables. Le visage haineux de Rob et celui inexpressif, royal, de Gaga ainsi que les jeux de lumières très variés résultent en une vidéo dont on se refuse à perdre la moindre miette. D’autant que ce n’est pas tout les jours que vous verrez les prêtres de Judas headbanger au rythme d’une chanson pop !
   Qu’on se le dise : Oh oh oh i’m in love with Judas (PRIEST) ! Et vous le serez bientôt aussi !

1987 : les Guns N' Roses fusillent toute concurrence

     Qui ici peut prétendre ne pas connaître ce groupe ? Qui ici peut se targuer de n'avoir jamais entendu une seule mesure de leurs chansons légendaires ? C'est tout simplement impossible, tant les Guns N' Roses sont une institution pour nombre de mélomanes dans ce bas-monde. L'histoire du groupe est déjà connue : nés de la fusion des L.A. Guns et du Hollywood Rose en Californie, les Guns N' Roses prennent forme en 1985, et adoptent quelques mois après le line-up qui connaîtra le succès en 1987. W. Axl Rose, voix stridente et tignasse rouquine, tient le micro, secondé par les guitares incisives des deux génies Slash, roi du pétrole sur sa Gibson Les Paul, et Izzy Stradlin', héros de la rythmique efficace. Pour compléter le tableau, il ne manque plus que le bassiste Duff McKagan qui, pour la petite anecdote, avait auparavant sévi dans plus d'une trentaine de groupes avant de rejoindre les GN'R ( ! ), et le batteur Steven Adler, lourde frappe (au son de batterie, plus précisément de caisse claire, contestable, c'est mon seul reproche vis-à-vis du GN'R de 1987). 


     Sans transition, voici sous vos yeux ébahis une image aussi connue que les Guns eux-même, il s'agit de la pochette du premier album très réussi Appetite For Destruction. 40 millions d'exemplaires vendus à travers le monde, un des albums rock les plus vendus au monde, certifié 18 fois disque de Platine aux USA, je ne crois pas être le seul à considérer Appetite For Destruction comme un fabuleux polyptyque en douze parties, un chef d'oeuvre en douze actes. Pour être clair, c'est un des albums les plus grandioses des 1980's. Si finement composé et produit, c'est un de ces albums qu'il faut racheter au bout de quelques années car le disque finit par être rayé à force d'être écouté ! Mais arrêtons là les flatteries en tout genre, et tentons d'expliquer le génie des Guns N' Roses.

   Les cinq californiens commencent, dès la première chanson, très fort. On oublie l'échauffement, les Guns ont 53 minutes pour nous convertir et comptent bien capitaliser ce temps comme il faut. C'est donc avec Welcome to the Jungle, hommage à Los Angeles, qu'ils nous cueillent à froid, de manière quasi-scientifique. L'intro de guitare fait monter inlassablement la pression jusqu'à l'explosion au couplet, faisant place à un riff monstrueux enrichi des cris lascifs d'Axl Rose. L'enchaînement de la chanson est parfait, chaque couplet, chaque refrain, chaque pont trouve sa place pour enrichir le morceau. La jungle est bien présente, elle est à son apogée sur les phases de soli de Slash. Notons que les paroles sont inspirées de déclarations qu'aurait faites un jour un SDF new-yorkais à Axl Rose : "You know where you are ? You're in the jungle baby ! You're gonna die !" , et font aussi souvent référence aux usages de drogues du groupe.

Welcome to the Jungle

     S'ensuivent des morceaux tout aussi bons : It's So Easy, Nightrain, Out ta Get Me et Mr.Brownstone. Quatre chansons qui haussent un peu plus le niveau d'excellence de l'album. Mais c'est réellement quand sonne le premier accord de Paradise City que l'on comprend que Appetite For Destruction est voué à la légende. Un début de chanson très doux, très acoustique qui fait place, au son d'un sifflet, à des guitares infernales, un refrain à la mélodie enivrante, des soli encore une fois prodigieux, des paroles - disons - touchantes... Il y a tout pour plaire. Précisons que c'est la seule chanson de l'album employant des synthétiseurs.

Paradise City

     Les chansons qui suivent, My Michelle et Think About You restent bonnes, mais il faut attendre Sweet Child O' Mine pour se retrouver de nouveau face à un chef d'oeuvre. Peu de groupes peuvent se targuer d'avoir composé une merveille en partant d'une simple plaisanterie ! L'introduction de Slash, totalement hypnotique, se voulait être en réalité un riff-blague qu'Izzy Stradlin' décida d'accompagner et sur lequel Axl Rose chanta, se servant pour paroles d'un vieux poème écrit pour sa petite amie de l'époque. Cela ne s'invente pas ! Quoi qu'il en soit, le morceau final est pharamineux.

Sweet Child O' Mine

     Après cette incroyable chanson, n'allons pas croire que Appetite For Destruction se termine. Non, You're Crazy, Anything Goes et l'érotique Rocket Queen (à l'introduction de basse culte) s'occupent très bien de nous emmener tranquillement à la fin d'un album qui, de bout en bout, ne faiblit jamais.

     En somme, Appetite For Destruction est un monument du hard rock, qui lors de sa sortie, en 1987, a érigé à juste titre les Guns N' Roses au rang de pontes de ce genre musical. 24 ans après, l'album n'a pas pris une ride et continue à séduire (contrairement peut-être au style vestimentaire très "pantalon en cuir et cheveux permanentés"). 1987 signait le début de l'âge d'or des GN'R, âge d'or depuis longtemps révolu depuis le départ des membres fondateurs Slash et Duff McKagan. L'album récemment sorti Chinese Democracy, réalisé par un groupe qui n'a de commun avec les GN'R de 1987 que le nom et la présence quasi-totalitaire d'un Axl Rose contestable, ne peut que nous faire regretter l'époque bénie de la fin des 1980's.
     

18/12/2011

2006 : The Fratellis fraternisent avec le succès

     Qui aurait cru que les membres de The Fratellis, groupe évoquant à première vue une chaleur et un exotisme particulièrement latins, n'étaient autres que de bons vieux écossais de Glasgow ? En réalité, le nom The Fratellis est une petite référence à la famille de méchants malfrats sévissant dans le film The Goonies : peut-être un film de chevet pour les musiciens ? Côté effectifs, le groupe mise sur la simplicité et l'efficacité, en la présence de ses trois membres : Jon Fratelli à la guitare et au chant, Barry Fratelli à la basse et Mince Fratelli à la batterie. Un power trio élémentaire comme l'histoire du rock les aime ! Fondé en 2005, dissout en 2009, on ne peut pas dire que le groupe a battu des records de longévité, mais qu'importe, nous sommes là pour discuter musique ! 
     En effet, plus que des raisons qui ont poussé The Fratellis à se nommer ainsi, j'aimerais vous parler de leur musique, en particulier de leur premier album, Costello Music qui, sans en avoir l'air, représente tout de même 50% de la discographie du trio... 


     Rien qu'à la vue de la pochette de l'album, on comprend facilement les prétentions des Fratellis : faire du bon rock, tout en s'adonnant aux plaisirs de la chair et de la boisson, très finement symbolisés ici. L'idée est plaisante et reste fidèle aux principes édictés par nombre de groupes rock légendaires du passé. Les écossais semblent être à contre-courant des groupes actuels, souvent trop "people". 

     Les chansons présentes sur Costello Music tiennent les promesses engagées par sa pochette. Dès la première écoute, en présence d'Henrietta, nos tympans n'ont qu'à se laisser caresser par un riff de guitare finement distordue, appuyé par une section rythmique vivante et vivifiante, le tout complété par quelques cuivres. La voix aiguë (qui n'est pas sans rappeler parfois celle de Jack White) de Jon Fratelli finit de nous convaincre : nous avons affaire à un très bon début d'album.  Cette impression est confirmée à l'écoute de la suite du disque : The Fratellis se montrent doués dans la composition de titres très rock, très dynamiques, tels qu'Henrietta, Flathead (chanson phare de l'album) ou Chelsea Dagger, pour ne citer que ces chansons là. Voici pour vous la démonstration du talent incontestable des écossais :

Chelsea Dagger

     Il faut également avouer que les trois écossais sont bien entourés lorsqu'il s'agit de réaliser un clip... Mais n'allons pas croire que The Fratellis ne sont que de légers obsédés un brin voyeurs (après tout, qui ne l'est pas ?) !! Non, ces messieurs savent se montrer romantiques, et écrire des balades touchantes telles que Whistle for the Choir ou encore... Ah non, en fin de compte, sur 13 chansons, il n'y a qu'une seule balade. Le reste est définitivement rock n' roll, ce qui n'est pas sans nous déplaire puisque le trio affiche un savoir-faire dans ce genre de composition ! 
     Sur l'ensemble de Costello Music, The Fratellis procèdent, semble-t-il, de la même manière pour composer : un tempo élevé et enlevé, avec une batterie qui joue essentiellement sur les temps en alternant grosse caisse et caisse claire et coups de cymbale crash. Ajoutons à cela une basse dynamique, jouée au mediator, qui fait souvent office de deuxième guitare pour remplir l'espace sonore et Jon Fratelli n'a plus qu'à déposer ses riffs accrocheurs, souvent accentué par des cuivres discrets, et sa voix aguicheuse. La recette du succès n'a jamais été aussi simple !

     Si à l'écoute de l'album entier, certains pourront reprocher au Fratellis de se répéter par moment, on ne peut nier le fait que les trois écossais nous ont offert un disque qui, en gardant comme mots d'ordre l'énergie et le dynamisme, nous ramène aux meilleures bases du rock'n'roll. En ces temps pour le moins difficiles pour ce genre musical, mes amis, Costello Music des Fratellis est une bouffée d'air pur.


Flathead


17/12/2011

Les albums de 2011 : Skying

Il y a des groupes qui ne changeront jamais de style, qui ne savent (ou ne peuvent) faire évoluer leur musique. Et puis il y a les autres, qui se construisent une personnalité au fil de leurs compositions. The Horrors fait partie de cette deuxième catégorie. Si leur premier album était marqué par le look gothique des cinq  adolescents, les Anglais ont depuis su évoluer, abandonner une image (tant physique que musicale) agaçante et surtout laisser tomber ce côté rebelle superficiel qui leur allait si peu, malgré les déclarations d’Alex Turner qui, lors de la sortie du deuxième opus des Arctic Monkeys, assurait qu’il aimerait « qu’un jour, les Arctic Monkeys deviennent aussi violents que The Horrors ». Heureusement pour nos tympans, aucun de ces deux groupes n’a osé rééditer ce qui avait été produit sur ce disque.




Un des premiers singles de The Horrors, 
preuve que le groupe a bien changé 




Après un deuxième LP plus calme mais déjà plus intéressant, on sentait que les cinq musiciens cherchaient encore. Aujourd’hui, ils ont trouvé comment faire la musique qui leur ressemble réellement, et cela s’entend très bien sur Skying, plus mature, à l’image de ce que le chanteur Faris Badwan a pu faire cette année avec son projet parallèle Cat’s Eyes. L’album est clairement orienté shoegazing, et Faris Badwan se contente de poser sa voix écorchée, parfois plaintive, sur ce tunnel de son créé par une basse lourde et une ligne de batterie ramenée au premier plan, reléguant ainsi guitares et claviers au second rang. Pourtant, ce sont bien ces derniers qui créent les subtilités mélodiques du disque, cachées derrière la section rythmique du groupe. Car Skying est étonnamment envoutant pour un album bruitiste même s’il ne renonce pas à quelques influences extérieures du genre, à l’image de Moving Further Away aux accents kraftwerkiens ou d'autres titres plus psychés. Soyons clairs : on aime ou on n’aime pas. Ou plutôt : on adore ou on déteste. Je vous laisse seuls maîtres d’un album sombre qui envoûtera ceux qui sauront s’y plonger (Dive In); les autres trouveront simplement que le groupe porte bien son nom… Je vous laisse en présence de Still Life, morceau crépusculaire au refrain grisant qui invite à l’insomnie :

16/12/2011

Vous êtes plutôt Led Purple ou Deep Zeppelin?

Bon , parlons peu, mais parlons bien! Black Country Communion vous ne connaissez sans doute pas, et au pif vous diriez sans doute qu'il s'agit d'une annexe du KKK au fin-fond du Kansas. Pourtant il s'agit tout bonnement du groupe détenant les héritages les plus sacrés du hard-rock, ceux de Deep Purple (représenté par Monsieur Glenn Hughes en personne !) et de Led Zeppelin (je ne vous ferai pas l'affront de vous présenter Jason Bonham). Certes les deux équipes de vieillards sus-cités se trémoussent encore sur la scène internationale, tels des dinausores convertis à Just-Dance 3, mais la vraie vie musicale, l'envie, est du côté de BCC. Et ça se voit dès les premières minutes de vidéo de leur nouveau Live Over Europe

   
    Glenn Hughes est plus flamboyant que jamais, et sa voix reconnaissable entre mille tirera peut-être une larme au fan de la première heure. La basse prend un peu plus vie entre ses mains expérimentées à chacune des notes de ses innombrables impros. The Voice of Rock comme on l'a longtemps surnommé, mérite plus que jamais son titre, et pas comme un hommage posthume, mais comme preuve d'une longévité incroyable, qui semble même se bonifier avec le temps.
    Derek Sherinian et Jo Bonamassa (les petits nouveaux), les deux guitaristes, ne sont pourtant pas en reste, et je les qualifierai même de clous du spectacle, tant l'énergie qu'ils dégagent est contagieuse. Des riffs monstrueux comme sur The ballad of John Henry, et des solos prenant à l'image de The Outsider achèvent de nous convaincre que le rock est ici dans toute sa splendeur. Les sonorités sont incroyablement riches, fusion de deux palettes musicales Purpeliennes et Zeppeliniennes déjà terriblement élaborées, auxquelles on a rajouté les sons Bluesy signés Bonamassa. Richie Blackmore lui-même doit être impressioné par l'habileté de ses ex-comparses, du nouveau venu et de ses mimiques surexpressives exsudées à chaque note. Même le Rainbow de la grande époque n'a pas fait mieux. Pendant une heure et demie, on en prend plein les yeux et les oreilles. 
   La performance du groupe est juste irréprochable : pas une seule fausse note, pas la moindre hésitation et surtout une cohérence formidable qui permet un enchaînement d’une fluidité exemplaire. Car BCC n’est pas qu’une simple addition d’individualités talentueuses : on sent clairement que ses quatre membres prennent un immense plaisir à jouer ensemble et se comprennent tellement bien qu’ils donnent parfois l’impression de tous cohabiter dans le même cerveau. Jamais avare en surenchère, Glenn va même jusqu’à affirmer, lors du making-of proposé sur le DVD bonus, qu’un bon concert avec ce groupe est encore plus jouissif qu’une bonne partie de jambes en l’air. C’est dire si ces mecs-là prennent leur pied. Et c’est justement ça qui est kiffant avec eux : ils ont encore la foi, ils ne se contentent de balancer leur set en respectant scrupuleusement une ****** de feuille de route de A à Z. De quoi rappeler à certaines têtes de gondoles ce qu’est un VRAI concert de Hard rock’n’roll, bordel de zut !
     Côté musique, c'est donc carton plein, et comme si ça ne suffisait pas, tout cela est magistralement bien filmé. On sent que Chirley (le monteur attitré de Glenn) connaît son boulot, côté montage c’est un énième sans faute. L’image est magnifique, mettant en valeur une succession de plan très dynamique qui donne beaucoup de pêche à un film plutôt long. Live Over Europe est tout simplement parfait, je ne vois pas comment on pourrait faire mieux dans ce genre musical et sur ce type de support. Si vous aimez le Hard-Rock... Non, tout simplement la musique, vous serez conquis, je vous le promets!

En attendant Ziggy et les Spiders...

Demain est un jour de fête : nous célébrerons les 40 ans d'un album mythique, le dénommé Hunky Dory de David Bowie. Plutôt que de revenir sur le disque en lui-même (qui est excellent et pis c'est tout), je préfère parler de Life On Mars?, peut-être un des meilleurs morceaux de tous les temps. Vous pensez que j'y vais un peu fort ? A peine...



40 ans après, cette chanson n'a pas pris une ride. Universellement connu, cet hymne, porté par le piano de Rick Wakeman - futur claviériste de Yes - et soutenu par des cordes sur le refrain, est complexe mais se retient dès la première écoute avec une simplicité enfantine. On veut élever la voix et chanter par dessus la mélodie mais on est vite rebuté par la difficulté du chant - énergique mais contrôlé - et les paroles si abstraites.

Justement, les paroles sont principalement une suite d'images plus ou moins figuratives, comme si l'auditeur se promenait dans une galerie de peintures surréalistes. Lors de sa sortie en 1971, Bowie expliqua que c'était l'histoire d'une jeune fille déçue par la banalité de son quotidien et qui n'arrive pas à atteindre une vie meilleure, plus palpitante. Mais l'échec de cette jeune fille est aussi un moyen pour Bowie d'oublier une de ses propres défaites.

En effet, trois ans auparavant, Bowie avait composé des paroles (sous le titre"Even A Fool Learns To Love") pour reprendre la célèbre chanson Comme d'Habitude de Claude François. Toutefois, ce titre ne fut jamais édité et Sinatra profita, en 1969, du grand succès qu'on lui connaît en la reprenant avec des paroles signées Paul Anka sous le titre My Way. Le titre de Bowie est donc une réponse parodique face à cette fortune manquée et cela explique le fait que ces deux chansons partagent un peu plus que quelques accords en commun...

Life On Mars est surement un des singles les plus étranges de l'histoire de la musique mais c'est aussi l'un des plus beaux. Il est donc temps de se taire, et d'apprécier, encore et encore, ce titre intemporel, symbole d'un album éternel. Et Bowie prouvera, avec son album suivant, qu'il y a bel et bien de la vie sur Mars...



14/12/2011

N'est pas primal qui veut...

     Mes amis, intéressons-nous aujourd'hui à une belle chanson. Une chansons historique, devrais-je dire, plutôt ! Je veux parler d'un bijou que les écossais de Primal Scream, menés d'une main de fer par le grand Bobby Gillespie, se sont décidés à nous léguer il y a déjà vingt ans : arrêtons là le suspense, il est question ici de Loaded, septième piste de l'album Screamadelica


     Quand j'en viens à faire de longs monologues au sujet de Primal Scream, il m'est impossible de ne pas songer à toutes ces années où, sans avoir écouté une seule composition du groupe, j'étais persuadé, influencé uniquement par le sens du nom "Hurlement Primal", qu'il s'agissait d'un groupe obscur, fervent représentant de je ne sais quelle branche de death ou black metal (sauf le respect de tous les amateurs de ce type de musique très riche)... Vous conviendrez à l'écoute du titre Loaded que Primal Scream est un groupe un poil plus délicat que son nom le laisse supposer. A vrai dire, Primal Scream est fondamentalement indie rock, avec quelques teintes pop, mais les écossais ne se sont pas privés de se mouiller au début des années 2000 dans des sonorités plus électro. Enfin passons, nous nous éloignons à grand pas de Loaded.

Loaded

     Loaded mérite une place particulière dans l'histoire du rock. Premièrement, il est rare, et de ce fait plaisant, de voir un groupe rock utiliser des samples pour créer de nouveaux morceaux. Primal Scream affiche clairement son image d'original du rock n' roll en n'hésitant pas à se sampler soi-même. Ainsi Loaded présente des ressemblances flagrantes avec une autre chanson du groupe, à savoir "I'm Losing More Than I'll Ever Have". On parle ici de ressemblances pour ne pas dire que le riff principal des deux chansons est exactement le même ! Certains verront dans ce processus une façon de recycler ses bons morceaux, d'autres une solution un peu ridicule face au manque d'inspiration... A chacun son point de vue !

      Deuxièmement, il n'y a pas que dans ses propres tiroirs que Primal Scream se sert pour enrichir Loaded. Si, l'enchaînement des notes vous a sûrement déjà évoqué le mythique "Sympathy for the Devil" des Rolling Stones, vous n'avez peut-être pas entendu la ligne de basse du stone Bill Wyman tenir l'arrière-plan sonore de Loaded. Pour compléter la section rythmique, ajoutons que le son de batterie présent sur le morceau dérive tout droit d'une chanson beaucoup plus anonyme : "What I am", d'Edie Brickell.

     En fin de compte, qu'est-ce que Primal Scream a réellement inventé sur Loaded ? C'est une bonne question, puisque même les paroles sont "inspirées" de dialogues déjà existants... La véritable force, le véritable génie de ce morceau réside dans l'habileté qu'ont eue Bobby Gillespie et sa bande à organiser, assembler, arranger entre elles les bribes de chansons qu'ils avaient en leur possession. Le résultat s'en trouve exquis. 
      

12/12/2011

Les albums de 2011 : The English Riviera


Après un deuxième album qui leur avait permis de devenir un des groupes hype de l’électro en 2008, les quatre Anglais étaient de retour en studio cette année. Les quatre Anglais ? Et oui, car la grande nouveauté du cru Metronomy ce cette année, c’est la composition du groupe qui change. A nouveaux membres, nouveau style ? En effet, ce disque est différent des précédents enregistrements de la bande ; toujours mené par le très talentueux Joseph Mount, le groupe recueille en son sein une âme féminine, la batteuse Anna Prior et aussi un nouveau bassiste.

Première surprise : les chansons de The English Riviera sont beaucoup moins nerveuses, moins dansantes que les précédents enregistrements du groupe : tous les morceaux présents sont ici pour  nous caresser les oreilles, avec des claviers chaleureux et très peu de distorsion : même l’inquiétant She Wants se transforme le temps de nous offrir des refrains apaisants. Cette douceur subite  provient certainement de la présence féminine nouvelle. On peut en débattre mais devant la qualité de l’album, on ne va pas s’en plaindre ; les mélodies, qui ont été épurées au maximum afin de n’en tirer que la substantielle moelle, restent accrocheuses et très travaillées.




Metronomy fait donc du neuf mais sans renier le labeur effectué sur leurs précédents opus, notamment sur le dernier titre – Love Underlined – avec ses claviers plus rugueux et son rythme électro d’éclopé. Derrière le single The Look, avec son clip très réussi et un sommet lyrique l’album recèle de trouvailles mélodiques : l’entêtant The Bay, un des morceaux les plus addictifs avec sa ligne de basse punchy, ou encore l'enivrant Corinne qui narre les désespoirs amoureux du narrateur (-chanteur ?).




The English Riviera, en plus d’être un album de qualité, a le mérite de bien porter son nom : ses chansons ont été idéales pour accompagner nos journées de détente à la plage de cet été. Quant à ceux qui n’avaient écouté le disque à ce moment là…n’attendez pas l’été prochain pour vous y (re)mettre !

11/12/2011

Crash Kings, au sommet de l'évolution du rock

         Donnons aujourd'hui un coup de projecteur sur un groupe pour le moins original. Mes amis, je veux bien sûr parler des américains du band rock Crash Kings. Comment définir le groupe en quelques mots ?

     Tout d'abord, Crash Kings, c'est un trio relativement original puisqu'il comprend un claviériste-chanteur (Antonio Beliveau), un bassiste (Mike Beliveau, son frérot), et un batteur (Jason Morris). Je vous entends déjà dire "ben alors, quid de la guitare ?", avec raison, d'ailleurs. En effet, quand on se veut rocker pur souche, dans la veine des grands groupes du siècle passé (ils citent volontiers Led Zeppelin, Queen, Deep Purple, The Beatles parmi leurs influences majeures - ils parlent également de Wham! en tant que petit péché mignon -), il semble incroyable de chercher à se passer de l'instrument qui est très souvent reconnu comme l'arme rock par excellence. Peu importe pour les trois californiens, Crash Kings est un "piano-rock trio", comme ils se plaisent à le répéter dans leurs interviews.


        Le groupe perpétue résolument l'héritage rock dans sa façon d'être, également. En témoigne son nom Crash Kings, qui a été prononcé lors d'une conversation entre les deux frères Beliveau au sujet du nombre incroyable d'accidents de voitures desquels ils sont réchappés : Rock n' Roll !        

        Une des spécialités du groupe réside dans ce goût, ce talent pour la reprise. A trois, les Crash Kings rivalisent d'ingéniosité technique pour réaliser des covers plus que réussis. Ce n'est plus un simple plaisir musical, c'est un spectacle visuel et auditif. Du génie à l'état pur, particulièrement dans l'utilisation d'effets - souvent réservés à la guitare - pour alourdir le son du clavier, voire celui de la basse. Crash Kings mise sur l'efficacité. 
      Voici pour appuyer mes dires un petit aperçu de ce que ces trois gars savent faire : un medley d'anthologie...

Evolution of Guitar - With No Guitar II


       Le trio est encore très récent : formé en 2006, il n'a sorti pour le moment qu'un album éponyme en 2009 qui a reçu un succès critique et commercial plutôt encourageant. Les Crash Kings sont encore jeunes et fringants et nous réservent donc encore bien des surprises pour l'avenir !

10/12/2011

Les albums de 2011 : El Camino



Depuis 2002 et la sortie de leur premier album, les Black Keys ont été très prolifiques - El Camino est le septième album du duo américain – mais la quantité n’a jamais pris le pas sur la qualité. Et cette règle est, encore une fois, respectée sur El Camino : 11 chansons de très bonne facture pour 38 (trop petites) minutes de bonheur. 38 minutes entraînantes, presque dansantes parfois (Lonely Boy), mais à aucun moment les deux hommes du Midwest  ne renient leurs racines bluesy.

Pourtant, les plus fervents fans des Black Keys avaient de quoi être sceptiques avant la parution de l’album. Beaucoup avaient peur d’un rapprochement vers la facilité pop, après le succès un brin inattendu de leur précédent album Brothers. L’association avec le producteur Danger Mouse avait aussi de quoi surprendre, puisque la moitié de Gnarls Barkley n’est pas un habitué du genre. Mais les craintes se dissipent vite à l’écoute de l’album : Danger Mouse a laissé les deux boys d'Akron s’exprimer et a rendu, comme à son habitude, une très belle copie à la production, sobre, avec une prise de son impeccable.

Ce qui est intéressant, c’est la façon dont le groupe a enregistré ce disque : ils sont arrivés en studio sans textes et sans mélodies. Tous les morceaux d’El Camino ont le point commun d’être issus de jam sessions faites au studio. Alors qu’on aurait pu avoir le droit à 4 chansons de rock progressif de 12 minutes, les deux musiciens ont conservé un format « pop », sans altérer la richesse de l’album. Car, et c’est cela le plus l’important, la musique du duo américain s’exprime pleinement sur ce disque. Le rythme est soutenu, les guitares sont crunch, les claviers bien vintage et l’autodidacte Patrick Karney s’éclate derrière ses fûts autant que Dan Auerbach nous hypnotise de sa voix si particulière.

L’album commence fort avec Lonely Boy, premier single de l’album à la guitare nerveuse, au clavier entrainant et au refrein accrocheur. Un hit qui pourrait bien devenir le titre phare qui manquait à un groupe souvent comparé à des «White Stripes sans Seven Nation Army ». Le reste de l’album est plus homogène, mais la barre est toujours placée aussi haut. Seule véritable «pause » de l’album parmi tous ces blues modernes et agités, Little Black Submarines étonne et détonne : après deux minutes bercées par la guitare séche et le chant de Dan Auerbach, le groupe remet le courant pour une reprise électrique de la mélodie. Grandiose. Et le reste de l’enregistrement est presque de la même facture…




Les Black Keys sortent donc un très bon disque qui sonne vintage tout en restant résolument moderne. Sans rien inventer, les Black Keys ne réécrivent pas ce qui a été fait dans le passé : car le talent de ce groupe réside bel et bien dans leur personnalité : peu d’artistes peuvent, à l’heure actuelle, se targuer d’avoir un style  aussi affirmé et aussi facilement reconnaissable que celui des Black Keys. Après le succès critique, il ne manque plus que le succès commercial. A bon entendeur.

09/12/2011

Aerosmith & Run-DMC : Walk This Way prend de l'allure

    Parce que nous avons tous côtoyé à une certaine époque de notre vie des personnes un brin bornées en matière de musique. 

    Parce que nous avons longtemps cru qu'il était de bon ton de rester fidèle à un seul genre musical.

    Parce qu'au fond, c'est rassurant de se tenir à un seul style de musique, comme une petite routine.

   Parce que, de ce fait, nous en venons à croire que les genres de musique que nous n'écoutons pas sont "inférieurs".

     Parce que nous avons déjà trop entendu, voire dit, des blasphèmes du type "J'urine sur le rock n' roll" / "Je défèque sur le rap" (version soutenue).

   Parce que dans l'imaginaire de beaucoup de monde encore, ces deux musiques sont et resteront antagonistes.

     Pour toutes ces raisons, en 1986, les géants du hard rock Aerosmith et la valeur montante du rap de l'époque Run-DMC décidèrent de briser les idées reçues en deux-trois coups de samples placés avec bon goût. Grandiose.


Aerosmith & Run-DMC - Walk This Way  
Co-produit par Rick Rubin