30/11/2011

Malade comme un Beastie Boy

Il fait froid, il fait moche : c'est la période où nous attrapons tous, les un après les autres, virus et microbes en tous genres. Bref, comme le disent si bien les Beastie Boys, "It's Time To Get Ill" :





Plus sérieusement, la chanson n'a rien à voir avec le temps qu'il fait (ça se saurait si les rappeurs attendaient la fin du 20h pour mater la météo...) et si les membres du groupe s'échangent le micro c'est simplement pour s'auto-glorifier : "I'm the King Ad-Rock and I'm the king of all kings/I'm looking for a spot - things are gettin' hot"...
...C'est donc un morceau typique des Beastie Boys : de l'auto-dérision, l'utilisation de nombreux samples (Led Zeppelin, Kool and the Gang, AC/DC...) et surtout beaucoup d'énergie, grâce à l'alternance des voix - un brin criardes - des 3 garçons new-yorkais. 

Dernière piste de leur premier album mythique, Licensed To Ill, ce titre bénéficie donc du travail du producteur Rick Rubin (qui a notamment produit Blood Sugar Sex Magic des Red Hot Chili Peppers), véritable magicien de la prise du son, qui donne à l'album cette qualité sonore exceptionnelle. So what's the time ? It's time to get ill...

29/11/2011

George, déjà 10 ans de Paradis

     Aujourd'hui est un jour très spécial, mes amis. Le suspense n'est pas de mise pour ce genre d'évènements : en ce 29 novembre, voici 10 ans que le grand George Harrison a rendu l'âme, 10 ans qu'un cancer de l'oesophage a eu raison du musicien... Mais, au fond, si le nom d'Harrison nous est familier en tant que membre des Beatles, combien d'entre nous connaissent en détail la carrière du bonhomme ? Tentons donc de remédier à cette tare qui n'a que trop duré !!


     
     Commençons par le commencement. Harrison, comme tout Fab Four qui se respecte, est originaire de Liverpool. C'est dans cette ville qu'il fait, enfant, la connaissance de Sir Paul McCartney, qui l'introduit plus tard auprès de John Lennon afin de former ensemble, à 15 ans,  The Quarrymen, qui deviendra 2 ans plus tard The Beatles, avec l'arrivée du batteur Ringo Starr. 1960, les dés sont jetés. 1963, l'Histoire s'écrit, la Beatlemania commence pour ne jamais s'arrêter. Mais, à l'époque déjà, et encore aujourd'hui, des lèvres des jeunes groupies candides comme de celles des vieux fans inconditionnels, il n'émane que les prénoms John et Paul (et parfois quelques Yoko malvenus...). Première méprise de l'Histoire. Comment mettre un niveau en dessous des deux autres Beatles le compositeur de chefs d'oeuvre pop tels que Here Comes The Sun, ou While My Guitar Gently Weeps, le guitariste soliste, chanteur aux harmonies vocales les plus justes, le passionné d'Inde, disciple un temps de Ravi Shankar, qui a su enrichir la musique des Fab Four en y ajoutant des bribes de musique indienne ? 

     Il n'y a pas qu'au sein des Beatles que George Harrison a excellé. En témoigne sa carrière solo, durant laquelle l'anglais a composé de véritables petits bijoux de pure pop, aux arrangements dont seuls les Beatles ont le secret. Je vous laisse le soin d'écouter par vous même, vous verrez que le grand George n'a rien à envier à ses collègues !


     Ne vous y fiez pas, cette chanson a beau sembler extrêmement simple, de sorte qu'on pourrait se dire "Allez hop, une guitare, trois accords, et c'est bon, à moi les filles !", la réalité est bien loin de tout cela. My Sweet Lord est à mes yeux un travail titanesque, véritable construction d'accords plus ou moins tordus et techniques, pour aboutir à une chanson pop / folk envoûtante, où chaque note, chaque harmonie participe à  la transcendance de l'auditeur. Inimitable.

     Voilà donc 10 ans que nous avons perdu un architecte de la pop (tirant même dans sa carrière solo sur le folk pur), un expert dans la manipulation des harmonies, au service d'une musique touchante, de qualité. 10 ans que nous avons perdu un artiste qui a aussi su se risquer avec succès sur des terrains plus glissants, comme le cinéma : George Harrison est le fondateur de la société de production Handmade Films, qui a produit entre autre La Vie de Brian, des Monty Pythons. Au bout du compte, George Harrison a montré tout au long de sa carrière quel don magnifique il avait pour la musique et l'art en général. Voilà 10 ans qu'il laisse un vide difficile à combler derrière lui.

28/11/2011

1977 : Bowie ne fait pas profil bas


Low est surement un des albums les plus méconnus de Bowie ; pourtant c'est aussi un des plus riches, un des plus originaux et aussi un des plus complexes à aborder, avec aucun single véritablement évident (mis à part Sound and Vision), d'où son manque de popularité. Pourtant Low reste un des plus grands albums de Bowie et tout simplement un des meilleurs albums des années 70's.


De retour en Europe après deux albums enregistrés au pays de l'oncle Sam, le Thin White Duke - personnage monté de toutes pièces par Bowie pour son précédent album Station to Station - dédaigne rejoindre son Angleterre natale. Sa direction est toute choisie : Berlin, ville divisée mais qui inspira Bowie pour Low et les deux albums suivants (Heroes et Lodger), albums qui forment ce tryptique classique de Bowie, communément appelé la "trilogie berlinoise", même si la majeure partie de Low est enregistrée...en France.

Pourtant, l'album fait clairement référence à la cité germanique et tel Berlin, Low est clairement divisé en deux parties, matérialisées sur le vinyle par le contraste entre la face A et la face B. En face A, des chansons assez courtes qui se rapprochent du travail fait par Bowie sur Station to Station avec une basse très groovy  et des guitares incisives (Breaking Glass et Sound And Vision en tête de proue) pour se rapprocher d'un funk blanc qui tire vers l'électronique. Mais surtout, Bowie chante sur la majorité des pistes, ce qui n'est pas le cas sur une face B totalement instrumentale affichant des morceaux plus longs. En effet, Bowie n'a pas hésité à supprimer des couplets entiers (Speed Of Life, Sound And Vision) pour aller à l'essentiel et pour faire ressortir uniquement des impressions des thèmes abordés. 
La lente et oppressante Warszawa (chanson qui a profondément marqué Joy Division, au point d'être adoptée comme le premier nom du groupe) décrit ainsi la misère qui règne dans le Varsovie opprimé de l'ère soviétique, Weeping Wall décrit, avec son carillon régulier et continu, la tragédie qu'a créé la construction du mur de Berlin, la séparation des familles et la décomposition de l'identité de la ville. Bowie finit par Subterraneans, un morceau quasi-religieux accompagné par le jeu de saxophone très blues de Mister Bowie himself.

L'inspiration est donc berlinoise, mais Bowie puise aussi son inspiration dans l'Allemagne industrielle des années 70, et on reconnaît facilement l'influence de groupes krautrock comme Kraftwerk ou Neu! dans l'utilisation des synthétiseurs et dans ces mélodies froides, parfois accompagnées de rythmes répétitifs - presque racoleurs - le tout nous accompagnant tout au long de cet album. 

Froid au premier abord, cet album ne cesse de dévoiler de nouvelles subtilités à chaque nouvelle écoute et on en finit même par s'approprier les mélodies, malgré leur singularité. Si la maison de disques de Bowie, RCA, a beaucoup râlé devant le côté "anti-commercial" de l'album, on ne peut aujourd'hui que s'incliner devant le coup de génie de Bowie, qui signe 38 minutes de musique intemporelle.

En bonus, le clip de Be My Wife, une des rares vidéos de la décennie 70 où Bowie apparaît sans maquillage, sans jouer de personnage : 





RATM, machine à Bombtracks

     Quatre garçons talentueux tout droit venus de L.A. Non, nous ne parlons pas des Doors, dieux du chamanisme psychédélique, ni même des bons vieux Red Hot Chili Peppers, funky jusqu'à la moelle (même si cette affirmation tend ces temps-ci à s'infirmer... mais n'en disons pas plus et gardons ce sujet pour une autre fois !), non, c'est bien de Rage Against The Machine qu'il est question ici ! 



     Vous avez sous les yeux l'image ornant la pochette du premier album de RATM, sorti en 1992. On ne compte plus le nombre de classements qui ont placé avec raison cette maquette dans les premiers rangs des plus grands albums rock de tous les temps. Visuellement parlant, cet album est une réussite. Pourquoi ? Tout simplement parce que l'on comprend tout de suite le message que Rage veut nous faire passer. Le fait de montrer un moine bouddhiste (du nom de Thích Quảng Đức, pour votre culture générale) s'immolant par le feu, en signe de protestation contre l'oppression des bouddhistes qui faisait rage au Vietnam en 1963, annonce déjà la couleur : RATM n'est pas là pour faire du tricot. Et encore moins lorsqu'il s'agit de prendre position contre le capitalisme ou la mondialisation.

     Cette vigueur annoncée par la pochette se confirme à l'écoute de la musique des Californiens. Faisons simple, l'album Rage Against The Machine est constitué de 10 chansons toutes plus originales, plus massives, plus prodigieuses les unes que les autres. Vous en doutez ? La preuve en musique :


     Know Your Enemy

     On ne peut qu'applaudir ici devant le niveau technique des 4 membres du groupe, qui rivalisent d'ingéniosité pour faire de la musique de RATM un style sans précédent, fusion de Metal, de rap, aux influences funk et punk palpables. Le groupe pioche ses influences aussi bien du côté des géants rock tels que Black Sabbath, Led Zeppelin, que des très groovy Funkadelic, ou Earth, Wind & Fire. Ajoutons à cela un soupçon de fougue directement héritée de Public Enemy, et le mélange détonne. En effet, quand le batteur Brad Wilk s'occupe de taper un rythme de batterie solide mais technique, permettant au bassiste Tim Commerford de poser ses lignes de basse au groove impeccable, Tom Morello, guitariste à la casquette vissée sur la tête en permanence, n'a plus qu'à nous faire décoller, avec ses soli aux gammes et effets surnaturels (je vous invite à réécouter Know Your Enemy à partir de 3:15, pour avoir la preuve en écoute). Il ne reste plus qu'au chanteur Zack de La Rocha à exhiber ses talents de rappeur et d'auteur engagé. Sur Know Your Ennemy, il dénonce avec virulence la Guerre du Golfe, ainsi que le rêve américain, fondé sur 8 principes, selon lui : "compromis, conformité, assimilation, soumission, ignorance, hypocrisie, brutalité et élite". Je vous avais prévenu, on ne mâche pas ses mots chez RATM !

    Il y aurait encore beaucoup à dire sur cette chanson, comme sur chaque chanson de l'album, en fin de compte. En résumé Rage Against The Machine est un véritable roman, recueil de 10 pépites inusables. On ne peut que féliciter les quatre gaillards pour s'être montrés aussi honnêtes sur la qualité de la marchandise. Mais, à l'écoute des albums suivants, sensiblement moins géniaux, on peut se demander si RATM n'aurait pas eu plus de succès commercial par la suite en conservant quelques grosses chansons sous le coude pour les enregistrements suivants plus difficiles... Comme si le succès commercial leur importait, ha ha ! 
     

27/11/2011

Let Lenny Rule

Autant bien faire les choses dès le début :


     Voici donc pour régaler vos petites oreilles, chers compagnons, un morceau magnifique, petit chef d'oeuvre qui fête à peine ses 22 ans d'existence en ce bas monde. Je ne parle pas du piercing "Prince Albert" qui orne l'extrémité de notre ami Lenny Kravitz, mais bien sûr de cette chanson - Let Love Rule -, première claque musicale que l'américain a daigné nous infliger. Oui, Let Love Rule est un morceau qui envoie, et ce pour des raisons qu'il convient de démontrer :

     Notons tout d'abord que cette chanson est extraite du premier album (l'album Let Love Rule, sorti en 1989) d'un Lenny Kravitz tout frais, tout jeune, du haut de ses 25 printemps, et aux influences musicales bien trempées. Fasciné par la musique et les sonorités des années 60, il a la merveilleuse idée d'enregistrer ses premières compositions "à l'ancienne", c'est-à-dire en faisant fi des technologies modernes et froides pour privilégier les bons vieux amplis et micros à lampes. Vous constaterez avec moi, chers amis, que le choix fut pour le moins génial puisqu'une des qualités indéniables de Let Love Rule est cette chaleur sonore à laquelle on ne peut résister !

     D'un point de vue instrumental, cette chanson est une réelle gourmandise. On ne saurait se passer de cet orgue Hammiond qui lui confère tout son aspect Soul / Vintage, clavier qui vient soutenir un groove retenu, mais ô combien efficace, délivrée par la section rythmique. Ajoutez à cela une pincée de guitare électrique maîtrisée à la perfection, et un solo de saxophone tout simplement ahurissant, et vous voilà munis de tous les ingrédients nécessaires à la création d'un morceau d'anthologie. Permettez-moi s'il vous plaît d'ajouter que Mr Lenny Kravitz, déjà multi-instrumentiste à l'époque, est crédité de l'enregistrement de chaque instrument (à l'exception du saxo et de l'orgue, il y a quand même des limites) . Chapeau bas. 

     Enfin, dernier point (je me censure et me limite à trois parties), Let Love Rule, comme quelques chansons des années 60-70, est un morceau intemporel. Cette chanson ne prend pas une ride avec le temps (à l'image de son compositeur, serais-je tenté de dire, mais l'on me créditerait déjà de Kravitzophile) ! Il n'y a qu'à voir sur la vidéo ci-dessus comment Lenny Kravitz, secondé par son fidèle guitariste Craig Ross et le reste de ses troupes, récite sa leçon. Louons le talent de ces artistes qui parviennent à faire d'une chanson groovy mais plutôt intimiste une arme de destruction massive pour les grandes scènes. Pour l'avoir entendu moi-même à son concert il y a de cela un bon mois, je peux vous le dire Lenny Kravitz a inventé une merveille sonore. Amen.

Wuthering, Wuthering, Wuthering Heights.




"Heathcliff ! It's me - Cathy
Come home. I'm so cold". 



          L'hiver approche, les nuits se rallongent et il fait trop frais pour se promener dans les sous-bois...et bien restons à la maison et asseyons nous à côté des braises encore chaudes qui traînent dans la cheminée ! Ne faites pas comme Cathy - la narratrice de la chanson - qui est seule par une froide soirée d'automne et perdue dans un tourbillon de sentiments contradictoires pour le dénommé Heathcliff ("I hated you. I loved you, too")... 


              Kate Bush est quant à elle plus lucide - du haut de ses 19 ans - lorsque paraît ce morceau, qui atteint le sommet des charts britanniques et français en 1978. Ce premier single, qui n'aurait jamais dû en être un si la jeune chanteuse au caractère bien trempé avait écouté ses producteurs de chez EMI, est inspiré par Wuthering Heights, un classique de la littérature anglo-saxonne écrit par Emily Brontë. Kate Bush se permet même de paraphraser quelques phrases du livre mais devant le résultat magistral de la composition, portée par la légèreté mélodique du piano, on ne peut que se taire et apprécier...au coin du feu, évidemment.

26/11/2011

Ouverture des portes !

Parce qu'il faut bien commencer par un classique : 



"Come on baby, light my fire
Come on baby, light my fire
Try to set the night on fire"



Que de belles paroles pour annoncer - en grande pompe - l'arrivée de Dig Up Music sur le très élitiste marché de la critique musicale. Soyons clairs, on n'est pas là pour casser 7 cordes à une Les Paul, on veut juste partager ces grandes chansons - immenses classiques ou petits bijoux de l'ombre - qui allument notre flamme. Mélomanes, oubliez ce que vous dictent les ondes hertziennes, et venez apprécier les perles que nous vous déterrons. Enjoy !